Vie privée : l'Allemagne s'inquiète de la mise en place de Google Street View

cite>Google a tenté cette semaine de convaincre une Allemagne dubitative de l'intérêt de son service Street View, qui propose des images sur son service de cartographie. Au cours de la foire aux technologies de Hanovre, le Cebit, le stand de Google s'est donc voulu séducteur, avec de nombreux dépliants rassurants sur l'usage fait des images et sur la protection des données personnelles. Plusieurs véhicules utilisés pour prendre les photos mises en ligne ensuite sur Street View étaient également présentés.Une application logicielle contraire au droit allemandLe projet de Google suscite en effet de fortes réticences en Allemagne. Lundi dernier, le gouvernement régional de Rhénanie-Palatinat a présenté une étude qu'il avait commandée sur la légalité de ce projet. Selon cette contribution, Google Street View est contraire sur plusieurs points au droit allemand. En cause : le mode de traitement des images. Une fois les photos prises dans les rues, elles sont en effet envoyées aux États-Unis pour être rendue anonymes par le floutage des visages et des plaques d'immatriculation, par exemple. Mais « personne ne sait ce qui arrive exactement aux États-Unis à ces images », se plaint le ministre de la Justice de Rhénanie-Palatinat, Heinz Georg Bamberger. La hauteur des prises de vue, à 2,80 mètres, est également en question. « Ce qui est légal, c'est ce que voit un passant dans des conditions normales », souligne le document, qui craint ainsi que les photos de Google permettent de voir par dessus les palissades, murs et haies. Ce qui soulève la question du respect de la vie privée dans le cas des maisons individuelles. Heinz Georg Bamberger estime que Google Street View ne pourra voir le jour en Allemagne qu'au prix de « certaines limites » et a appelé la société américaine à des négociations avec les autorités des Länder et de la Fédération. Ou bien « il faudra légiférer », menace-t-il. Les photos peuvent renseigner sur le niveau de revenuCette étude a déclenché un nouveau tir de barrage contre Google Street View dans toute l'Allemagne. Le délégué fédéral indépendant à la protection des données, Peter Schaar, a mis en garde contre ce service. « Les photos peuvent être reliées à d'autres informations. » « Cela peut donner des éléments sur son niveau de revenu et permettre des démarchages commerciaux », a-t-il prévenu. Les associations de défense des consommateurs ont réclamé, elles, des procédures simplifiées pour faire disparaître des vues contraires à la protection des données personnelles. À Hanovre, Google distribuait sa propre étude assurant que son service ne posait « aucun souci juridique » et annoncé que, malgré les réticences, Street View serait lancé cette année outre-Rhin. Les photos sont déjà prises. En Allemagne, tout passage en force risque cependant d'être mal perçu en ce moment. La décision de la Cour constitutionnelle sur la conservation des données concernant les communications (lire « La Tribune » du 3 mars), mais aussi les récentes polémiques autour de l'utilisation des données issues de cartes de fidélité ont rendu le sujet très sensible.La conservation des données en questionLe gouvernement prépare d'ailleurs un projet de loi qui obligerait les entreprises à informer leurs clients des données dont elles disposent sur eux tous les ans. La pression sur Google n'est pas limitée à l'Allemagne. En février, la Commission de Bruxelles avait estimé que la conservation des données pendant douze mois, ce qui est aujourd'hui la règle pour Street View, était « excessive  . L'UE envisagerait de faire passer cette durée à six mois. Pour le fondateur de Google Earth, Michael Jones, une telle décision coûterait trop cher à Google et pourrait l'inciter à ne plus couvrir l'Europe par Street View.
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