Deux diablesses pour des Diablogues

théâtreAu début ils étaient deux. L'auteur, Roland Dubillard, et son complice Philippe de Cerisey. Sous le nom de « Grégoire et Amédée », ils signaient dans les années 50 une chronique radiophonique intitulée « les Diablogues ». Fantaisie délirante où le langage jouait au ping-pong avec les mots, où le non-sens dérivait vers l'absurde. Puis des ondes ces « Diablogues » passèrent à la scène cette fois-ci en compagnie de Claude Piéplu. D'autres suivirent avec différents comédiens. Les derniers en date?: Jacques Gamblin et François Morel.Jusqu'alors jamais deux comédiennes ne s'étaient attaquées à ces textes imprégnés d'une ironie sourde, d'une insolence réjouissante. C'est chose faite aujourd'hui au théâtre Marigny avec Muriel Robin et Annie Grégorio. Une fois de plus le miracle opère. Il semble que les sketches ont été écrits pour elles. Tant ils collent à leurs voix, à leurs peaux, à leurs gestes.dimension surréalisteMais d'abord un mot sur le décor de Jean-Marc Stehlé qui donne une dimension surréaliste au spectacle. À la manière de l'artiste surréaliste Meret Oppenheim, il a conçu un ensemble d'éléments disparates et sans formes recouverts de fausses fourrures. Ce qui participe au plus près au délire verbal de Dubillard.Muriel Robin et Annie Grégorio attaquent par un des morceaux les plus célèbres de l'auteur, « Monstres sacrés », dans lequel apparaît une comédienne de 90 ans qui joue encore Bérénice et Phèdre. Cruel et piquant à la fois. Tendre et vachard. Le style de Dubillard, c'est la nonchalance mais aussi un côté quelque peu désabusé, sans désillusions, mais avec une pointe d'alacrité. De provocation.Offensives, drivées avec finesse par Jean-Michel Ribes, les deux comédiennes plongent au c?ur de cet univers où par moments la folie s'empare des mots et de l'action comme cette répétition de musique contemporaine dans un placard. Elles le maîtrisent tellement, ce texte, qu'elles semblent l'improviser, en rajouter même, alors qu'il est dit à l'intention près. Longtemps cantonné dans un théâtre dit intello, Roland Dubillard avec ce spectacle acquiert une audience plus populaire, plus large. Le public l'accepte et le découvre avec joie et émerveillement. n Théâtre Marigny. Tél.?: 0892.222.333. Du mardi au samedi à 19 heures. Jusqu'au 31 décembre.
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