Des faiblesses structurelles derrière une façade brillante

Stratégiquement, Renault est aujourd'hui très bien placé dans la compétition mondiale. Grâce à son alliance avec Nissan en 1999, aux rachats du roumain Dacia et des activités automobiles du coréen Samsung, à l'entrée au capital du russe Avtovaz (Lada), puis à l'alliance stratégique avec Daimler l'an dernier, le groupe au losange dispose d'une solide base géographique. À première vue, du moins. L'Alliance Renault-Nissan (avec Avtovaz mais sans Daimler) est désormais le troisième constructeur automobile mondial avec 7,27 millions de véhicules vendus en 2010. Il y a quinze ans, après les échecs successifs de l'aventure américaine et de la fusion avec le suédois Volvo, Renault n'était que le plus petit constructeur généraliste... européen. Pourtant, derrière cette façade brillante, l'ex-Régie souffre de déséquilibres structurels. Tout d'abord, Renault se retrouve en état de faiblesse face à son partenaire Nissan, dont il détient 43,4 % du capital. À la fin des années 1990, les deux entreprises étaient de taille presque équivalente. Aujourd'hui, le japonais affiche un chiffre d'affaires deux fois plus important que celui de son actionnaire, avec une rentabilité autrement meilleure. La structure du capital de l'alliance va donc être réexaminée, afin d'améliorer l'équilibre entre les deux groupes, a prévenu récemment le double PDG, Carlos Ghosn. La participation de Renault pourrait être revue à la baisse, celle de Nissan dans Renault (15 % actuellement) à la hausse.Renault s'est octroyé une place de choix sur les marchés émergents d'Europe de l'Est et de Russie, grâce notamment à Avtovaz. Il est aussi très fort en Corée. Mais il demeure absent des États-Unis. Sa présence en Chine ou en Inde est quasi symbolique. Et ce, alors que Nissan réussit remarquablement dans ces trois pays. Un vrai handicap pour la firme française.Vieillissement de l'EspaceSi elle a investi, voire créé pour une bonne part, le segment des véhicules à bas coûts avec ses Dacia (vendues sous la marque Renault sur la plupart des marchés), l'ex-Régie n'a... cessé de descendre en gamme, parallèlement, avec les échecs de la familiale Laguna, de la limousine Vel Satis ou le vieillissement de son monospace Espace. Fâcheux pour la rentabilité. Si les marges sur les véhicules à bas prix sont bonnes, les profits par modèle sont forcément faibles.Autre point critique : le manque d'attractivité d'une partie de sa gamme, sacrifiée sur l'autel de l'acculturation mondialiste, insipide et sans saveur. Conscient du problème, Renault tempère d'ailleurs ses rêves de grandeur. Son nouveau plan « Renault 2016 Drive the Change » - en anglais dans le texte - prévoit ainsi une croissance très modérée de 350 à 400.000 unités seulement d'ici à 2013 (hors Avtovaz). Pas de quoi rattraper Nissan ou rivaliser avec les projets de Volkswagen ! A.-G. V.
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