« La transparence sur les stress tests pourrait mener à une situation pire qu'avant »

Jacques Cailloux, Chef économiste de Royal Bank of ScotlandAnnoncée en grande pompe le 17 juin dernier, la publication des tests de résistance des banques européennes soulève au moins autant d'interrogations que d'enthousiasme parmi les investisseurs. Le flou artistique autour du calendrier de publication, des banques concernées ou encore de la méthodologie ne se dissipe que très progressivement. Il faudra par exemple patienter jusqu'à la réunion des ministres des finances les 12 et 13 juillet pour connaître le niveau de détail des résultats qui seront publiés le 23 juillet. En attendant, le Comité européen des contrôleurs bancaires (CEBS) devrait donner ce mercredi les grandes lignes de sa méthodologie et les noms des banques testées. Leur nombre aurait été relevé de 25 à une centaine. En France, Christine Lagarde et Christian Noyer se sont dit confiants sur la capacité des banques françaises à passer les tests avec succès.La publication des tests de résistance suffira-t-elle à rétablir la confiance dans le système bancaire européen ?Il est trop tôt pour le dire. Cela dépendra d'abord du réalisme des hypothèses sous-jacentes retenues pour les tests. Ensuite de la capacité du superviseur européen à communiquer sur les résultats et sur l'articulation des scénarios retenus dans les différents pays. Et enfin des mesures qui seront prises pour recapitaliser les banques les plus fragiles. La publication des tests de résistance offre aux autorités européennes une énorme opportunité mais les risques associés sont tout aussi importants. Mal menée, l'opération transparence pourrait conduire à une situation pire qu'avant.Dans quelle mesure les régulateurs peuvent-ils prendre en compte la crise des dettes souveraines dans leurs différents scénarios ?C'est un point très délicat pour eux car le message politique envoyé par les pays de l'UEM est qu'il ne peut pas y avoir de défaut à l'intérieur de la zone euro. Il y a donc peu de chances pour que les stress tests prennent en compte l'hypothèse d'un défaut ou d'un rééchelonnement de la dette grecque. Seuls pourront être envisagés des mouvements de prix très prononcés sur les obligations souveraines, sachant que dans la réalité, les emprunts d'Etat grecs sont déjà très décotés. Certains titres ont vu leur prix plonger de 30, voire de 50 %. Les investisseurs seront donc particulièrement vigilants.Comment expliquer le scepticisme autour des tests de résistance européens alors que les tests américains ont été un succès ? La situation est très différente. Du fait de la décentralisation des différentes autorités de supervision, il y a un risque liée à la coordination et à la communication qui n'existait pas dans le cas des tests des banques américaines. De plus, en Europe, il n'existe pas d'institution unique dédiée à la recapitalisation des banques en difficultés, comme le Tarp. On pourrait certes envisager de faire évoluer le fonds d'aide aux pays en difficulté, mais l'idée n'a pas l'air d'enthousiasmer les instances européennes. Surtout, on est aujourd'hui dans une phase plus avancée de la crise. A l'époque où les stress tests ont été publiés aux Etats-Unis, les marchés ne doutaient pas de la capacité des souverains à soutenir le système bancaire.Il y a peu de chances pour que les stress tests prennent en compte l'hypothèse d'un défaut de la dette grecque. »
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