Shocking ! En plein mois d'août, Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental à Clairoix, traite Bernard Thibault de « racaille », « tout juste bon à frayer avec le gouvernement » ! Le secrétaire général de la CGT regrette l'insulte, mais voit dans cette sortie la preuve que le débat est possible dans son organisation.Certes, la sortie de Xavier Mathieu, conseillé par Roland Szpirko, très actif militant de Lutte ouvrière en Picardie, n'est pas exempte d'arrière-pensées politiques. Mais ses propos trouvent un écho chez de nombreux militants de terrain. Depuis le début de la crise, à l'exception de Molex, Bernard Thibault n'est pas intervenu publiquement pour soutenir les dossiers d'entreprises en difficulté ou les équipes CGT engagées dans des conflits durs face à des menaces de fermeture. Les leaders de l'extrême gauche ? et tout particulièrement Olivier Besancenot au nom du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ? n'hésitent pas, eux, à faire les sorties d'usine, renforçant l'idée que les leaders de la CGT ne quittent plus les salons parisiens. « Il y a un vrai débat à avoir sur la place de la CGT sur le terrain. Nous avons alerté Bernard Thibault à plusieurs reprises, sans succès », confie un membre de la direction confédérale.candidature alternativeÀ l'occasion du congrès, la question pourrait revenir sur la table. Mais elle risque fort d'être captée par des débats très politiques entre la ligne « pro-Thibault » et une frange d'extrême gauche qui entend bien profiter de la tribune que lui offre le congrès. L'offensive a déjà été lancée il y a quelques semaines, avec l'annonce d'une candidature alternative à celle de Bernard Thibault pour le poste de secrétaire général. Candidature de pure forme puisque Jean-Pierre Delannoy, métallurgiste du Nord, n'est pas membre de la commission exécutive et ne peut pas se présenter, mais qui permet d'attirer l'attention. « Au cours du congrès, on entendra beaucoup les délégués qui dénonceront l'embourgeoisement de la CGT », soulignait Jean-Marie Pernot, spécialiste des syndicats, à l'occasion d'une table ronde organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).Bruyante, l'opposition à Bernard Thibault n'en est pas moins minoritaire. Elle l'est d'autant plus qu'elle est hétérogène. « Entre les militants du NPA, les archéo-communistes?, il y a un jeu d'alliances impossible », poursuit Jean-Marie Pernot. Avec le risque qu'à trop se faire entendre, cette opposition politique ne masque le mécontentement des adhérents lambda. L'enjeu est, pourtant, crucial pour la CGT si elle veut renouveler sa base et l'élargir au secteur privé. A. L.

latribune.fr

07 Déc 2009, 1:43

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