Musique

« Je suis un Noir, ma peau est blanche », chante Salif Keita en ouverture de son nouvel album « la Différence ». Ce n'est pas un hasard si son disque s'ouvre sur cet hymne à la tolérance. En 2001, il a aussi créé la fondation Salif Keita pour les albinos. Au Mali et dans la région, les albinos souffrent de discriminations. Ils sont persécutés et tués.Enfant, cette particularité a valu à Salif Keita d'être tenu à l'écart. Issu d'une famille princière, il a été élevé par les griots qui traditionnellement gravitent autour des puissants et en chantent les louanges. Mais son goût pour la musique a été très mal accueilli au sein de sa famille, quittée en 1968 pour Bamako, la capitale. Là, il abandonne la kora, le vénérable instrument à cordes des griots, pour la guitare. Et connaît beaucoup de succès avec l'orchestre des Ambassadeurs. Musiciens de renomCertains de ses complices de l'époque, notamment Kanté Manfila à la guitare, et Kélétigui Diabaté au balafon, l'accompagnent sur ce dernier album, enregistré entre Beyrouth, Paris, Los Angeles et Bamako dans son studio, le Moffou. D'autres musiciens de renom comme Vincent Segal au violoncelle ou Ibrahim Maalouf à la trompette viennent habiller le son du « Papa » avec des sonorités nouvelles. Le bassiste Jannick Top, d'ordinaire plutôt rock, et le guitariste jazz Bill Frisell lui prêtent aussi main-forte. Les mélodies douces convoquent les influences les plus diverses : tantôt arabisantes, tantôt traditionnelles, parfois surprenantes mais toujours actuelles.Les neuf chansons de l'album invitent toutes à la tolérance et à l'engagement. En faveur de l'environnement sur « Ekolo d'Amour » ou de la démocratie sur « Folon », écrite en 1990 et présageant la chute du général Moussa Traoré au Mali. Aujourd'hui, Salif Keita, 60 ans, s'intéresse à la politique. Il milite au sein du Parti citoyen pour le renouveau (PCR) et promet de ne pas rester muet lors des prochaines élections présidentielles dans son pays. Pour l'instant, c'est au service des albinos qu'il consacre sa puissante voix, parce que pour lui  : « La différence est plutôt une beauté qu'une malédiction. »Charles Faugero
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