Le carnet de bord boursier et ... décalé de Gaël Vautrin et Fabio Marquetty

STRONG>Lundi. Le juste prixAu grand jeu des devinettes, la colle d'aujourd'hui est : combien BP va débourser pour nettoyer sa m... marée noire ? L'opinion publique espère que la somme sera à la hauteur du préjudice écologique. Et des négligences en amont. «Les paris sont ouverts, à ma droite, Citi avec 450 millions de dollars ... Qui dit mieux ? Au fond de la salle, 2 à 3 milliards selon Fitch. A coté, 3,5 milliards pour Morgan Stanley. Au premier rang ... 8 milliards estimés par Sanford Bernstein & Co ». De quoi donner des vapeurs aux investisseurs qui lâchent depuis quelques temps le titre aussi facilement que le champ de BP déverse inexorablement ses nappes de mazout dans le golfe du Mexique et bientôt dans les mangroves de Lousiane. Fort heureusement pour BP (rebaptisé à l'occasion Bon Pollueur), la City est en week-end prolongé aujourd'hui. Les chiffres n'ont pas d'effet sur le cours. Finalement, sur les 5 milliards de dollars d'amende initialement réclamée pour la marée noire de l'Exxon Valdez, Exxon n'en a payé qu'un cinquième.Mardi. Halloween en maiLes investisseurs n'ont plus assez d'Halloween à l'automne. Il leur en faut un au printemps. La Grèce est sauvée par un pactole de 110 milliards d'euros, avec au quatrième rang des donateurs, l'Espagne pour 9,46 milliards. Mais comment va faire l'Espagne pour payer telle obole ? Sans parler de son propre déficit. Un chiffre est lancé : 280 milliards d'euros. Zapatero dément ... Autant se battre contre des moulins à vent. Ou plutôt contre les spéculateurs qui ne pouvant plus vendre à découvert sur le marché de la dette grecque, s'attaquent aux autres maillons faibles de la zone euro. Et là c'est la panique. Plus un investisseur pour raisonner l'autre. Et que dire des banques qui portent la majeure partie des emprunts d'Etat. L'émeute passée, la foule dispersée, le sol reste jonché de papiers. D'actions européennes en l'occurrence. L'Halloween printanier se termine dans un bain de sang : - 6,43 % pour le compartiment bancaire de l'Euro Stoxx, - 5,41% pour l'Ibex à Madrid, - 6,68 % pour l'ASE à Athènes ... Mercredi. L'orchestre du TitanicPendant que le bateau euro s'enfonce dangereusement dans les eaux glacées de la crise, l'orchestre allemand continue de jouer sa partition. A la différence du Titanic - celui qui a coulé pour de vrai ? les musiciens ne feront cette fois pas partie des naufragés. La contagion de la grippe financière à la zone euro, n'a pas que du mauvais outre-Rhin. Même si l'aide à la Grèce va peut-être lui faire perdre un scrutin régional important pour sa majorité, « Angela Joly » peut se consoler. La crise a renforcé le pouvoir d'attraction de son pays auprès les investisseurs. Sans compter sur le fait que la glissade de l'euro devrait booster les exportations allemandes. Le rendement des emprunts d'Etat allemand à 10 ans touche un plus bas historique à 2,86 %. De quoi lui assurer de se financer à bon compte sur le marché obligataire ... Plus que jamais, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Jeudi. Grandeur et décadenceIl est un temps que les moins de trois ans ne peuvent pas connaître. Paris en ce temps-là, cotait à plus de 3500 points de ses plus bas de 2003. Le vieux Continent puisait toute sa force dans la fougue économique des pays émergents. Les finances de la zone euro pouvaient encore compter sur une demande intérieure vigoureuse pour faire oublier quelques écarts de conduite par rapport aux engagements pris quinze ans plus tôt à Maastricht. Entre-temps, la crise est passée par là, rappelant à l'ordre les indisciplinés budgétaires au sein des Etats Membres. De l'autre côté de la Grande Muraille, on se réjouit de l'appétit des investisseurs pour les jeunes pousses boursières. Selon les équipes de JP Morgan, les marchés émergents cotent 14% au-dessus de leur moyenne historique tandis que les bourses des pays développés valent 20% de moins qu'au cours des 14 dernières années. D'aucuns s'engouffreraient volontiers dans la brèche pour souligner l'extrême cherté des indices chinois, indien ou encore brésilien. Sans doute à tort. Car il faut s'y faire : la croissance a un prix.Vendredi. Le gros doigt« Sûr que tu pourras devenir un krach boursier à toi tout seul ». Avec dix ans d'avance, ce couplet de Noir Désir avait quelque chose de prémonitoire. Jeudi soir, 20h40, un courtier (semble-t-il de Citi) a eu le doigt lourd, s'emmêlant les phalanges entre millions et milliards sur la vente de titres. Oups ! Stupeur et tremblements. Les marchés dévissent, le Dow Jones enregistre en quelques minutes sa plus forte baisse depuis le krach de 1987 ! Accenture, Boston Bear, Excelon et d'autres perdent 99 % de leur valeur boursière en un claquement de gros doigt. Le lendemain, tout le monde s'interroge. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Transactions électroniques, algorithmes, plate-forme alternative, high frequency trading ... Logorhée d'explications et de bruits en tous genres et en franglais pour cacher la seule vérité : personne n'en sait rien ou si peu. Quelqu'un s'est-il au moins aperçu que depuis quinze jours, un gros doigt était resté appuyé sur le mauvais bouton en Europe ? Ah non ! Là c'est autre chose. Du concret. Un vrai pari sur la faillite de tout un système. Ouf ! ça reste rationnel ...
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