Amanda Boyden : « Écrire a été une thérapie »

La Nouvelle-Orléans n'est pas une très bonne baby-sitter », constate l'écrivain américain Amanda Boyden dans son dernier roman, « En attendant Babylone », où elle retrace le destin des habitants d'Orchid Street, quartier populaire de sa ville d'adoption. En décrivant le quotidien de ces personnages qui s'entrecroisent, la romancière brosse un portrait édifiant d'une ville qui s'apprête à être dévastée par l'ouragan Katrina. Vous situez votre roman à la veille de l'ouragan Katrina. Pourquoi ?Travailler sur l'après-Katrina était une tâche que je ne me sentais pas d'assumer. C'est un véritable drame. Des gens sont morts, certains ont survécu. J'aurais eu peur d'oublier des choses. En France, plusieurs écrivains comme Laurent Gaudé ou Gilles Leroy ont écrit sur cet ouragan qu'ils n'ont pas directement vécu. Comment l'expliquez-vous ?Katrina a eu un impact international. Et les livres dont vous me parlez sont des oeuvres fictionnelles. De la même façon que j'ai le droit de m'approprier le tsunami de 2004 ou les pensées d'un Afro-Américain, ils peuvent écrire sur n'importe quel sujet. Ça ne me dérange pas. Au contraire, je trouve ça très bien. Comment avez-vous vécu cette catastrophe ?Avec mon mari, l'écrivain Joseph Boyden, nous avons quitté La Nouvelle-Orléans au moment de l'ouragan. Nous y sommes revenus très vite. La ville était dévastée, à moitié engloutie sous les eaux. Il y avait des corps partout. Excepté les forces militaires, il n'y avait personne. Et dans cette ville silencieuse, on entendait les chiens pris au piège en train d'aboyer, affamés. Ce fut très brutal. J'ai commencé à écrire juste après. Ça a été comme une sorte de thérapie. Une façon de me dire que nous sommes des résistants. Vous semblez très attachée à La Nouvelle-Orléans, et en même temps, dans votre livre, on dénote un certain aspect critique...J'ai une relation très ambivalente avec ma ville. Il y a des jours où je l'adore et d'autres où je ne peux plus la supporter. C'est un endroit très difficile. La criminalité reste très importante. Avec mon mari, nous avons même été les témoins d'un meurtre. Mais d'un autre côté, quand je me promène, je me rends compte qu'il y a quelque chose d'assez spectaculaire dans cette ville. Et c'est là juste devant mes yeux, tous les jours.PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE CLUET « En attendant Babylone », d'Amanda Boyden, aux éditions Albin Michel, 437 pages, 22 euros.
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