Les oligarques russes lorgnent la Chine

L'abondance des liquidités chinoises a beau nourrir des craintes de bulle spéculative et d'inflation, elle fait aussi rêver. Notamment des oligarques russes, dont les sociétés ont laissé des plumes dans la crise, et qui envient Oleg Deripaska depuis l'entrée réussie de son groupe Rusal à la Bourse de Hong Kong. Coté depuis le 27 janvier, Rusal, qui a levé pour l'occasion 2,2 milliards de dollars, est aujourd'hui valorisé 21,5 milliards de dollars par le marché. Soit plus que ses rivaux, notamment l'américain Alcoa.« Les entreprises russes vont sans doute continuer à regarder de près l'expérience de Rusal. C'est une réussite, même si elle constituait pour nous au départ un vrai défi », a indiqué Ronald Arculli, président de la Bourse de Hong Kong, à l'occasion d'un récent forum sur la finance en Russie. Un satisfecit partagé par les deux patrons des Bourses russes, le Micex et le RTS, qui jugent cette cotation « positive et très prometteuse ». De quoi créer de l'émulation. « Après la valorisation obtenue par Rusal, les actionnaires de Metalloinvest doivent se frotter les mains », ironise un analyste de la banque OuralSib. De fait, si les groupes en lice pour une cotation ne manquent pas ? le groupe de médias ProfMedia et l'avionneur Iliouchine en font partie ? c'est sans doute chez Metalloinvest que l'expérience asiatique de Rusal a le plus de résonance. Ce producteur de minerai de fer ? la place de Hong Kong est particulièrement intéressée par les spécialistes de matières premières ? a dû reporter, crise oblige, son introduction en Bourse, qu'il avait programmée en 2008 à Moscou et à Londres. Une levée de fonds sur les marchés lui permettrait d'éponger une partie de son endettement qui se monte à 5,4 milliards de dollars. « Compte tenu de la hausse des cours du minerai de fer, c'est une des options que nous envisageons », a expliqué le service financier de la société, tout en restant discret sur le lieu qui pourrait être choisi pour une introduction. Les Russes ne sont d'ailleurs pas les seuls à montrer de l'intérêt pour les places chinoises. D'autres pays proches pourraient suivre le mouvement. « Il y a pour l'heure une dizaine d'entreprises kazakhes cotées à Londres, mais les prochains candidats regardent aussi vers l'Asie », relèvent des analystes de Troïka Dialog. C'est le cas notamment de Kazakhtelecom et du groupe ferroviaire Kazakhstan Temir Zholy, qui ne sont pas encore cotés. Mais potentiellement aussi de sociétés déjà cotées, tel que le minier Kazakhmys, qui pourraient, par le biais d'une nouvelle introduction en Asie, obtenir des multiples de capitalisation plus élevés, tout en allongeant leurs horaires de cotation.Bref, la concurrence s'exacerbe. Face au déplacement vers l'est du centre de gravité des marchés, la Bourse de Londres, vers laquelle se tournaient instinctivement les groupes russes, tente de résister. « Nous avons pour cette année un « pipeline » en sociétés russes bien fourni, et notamment en grandes sociétés », a ainsi rappelé à « La Tribune » Xavier Rolet, président du London Stock Exchange. À voir...
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