Les doors, au-delà du mythe

Un homme s'extirpe à grand peine d'une voiture abîmée sur le bas-côté d'une route au beau milieu du désert du Nevada. Nous sommes dans les années 60, Jim Morrison, alors étudiant en cinéma, tourne un film avec Paul Ferrara, son camarade de UCLA (University of California Los Angeles), où il tient le rôle principal. Ces images inédites, au même titre que les vidéos tournées par le groupe ou coupées au montage par les chaînes de télévision, constituent la trame du documentaire de Tom DiCillo « When you are strange », présenté en septembre dernier au festival de Deauville, enfin sur les écrans aujourd'hui.Sur des images captées entre 1966 et 1971, la voix posée de Johnny Depp relate la trajectoire du groupe aux fulgurances géniales, qui créa le scandale avec ses paroles osées et dont le chanteur, Jim Morrison fait encore aujourd'hui l'objet d'un véritable culte. Ici, le réalisateur écorne le mythe, dressant un portrait sans concession du chanteur. On le voit tituber en studio, sur scène. Tom DiCillo aborde sans détour la question des drogues et de l'alcool grâce auxquelles Jim Morrison entendait « repousser les frontières de la perception ».De même, il rend hommage aux autres membres du groupe, qui ont donné au son des Doors toute sa profondeur et son originalité, et qui existaient dans l'ombre de leur chanteur charismatique et tapageur. Il rappelle par exemple que c'est le guitariste Robby Krieger qui a écrit les paroles de la chanson « Light my fire » qui a propulsé le groupe en tête des ventes de disques et sur le devant de la scène internationale. Féru de flamenco, il jouait sans mediator et imprimait un rythme incomparable aux partitions, qui s'exprime le plus évidemment sur « Spanish Caravan ».Séquences cultesLe son inimitable des Doors, on le doit aussi à Ray Manzarek, le génie des claviers et tout particulièrement de l'orgue électrique, cofondateur du groupe, auquel il a greffé le bassiste John Densmore. On les voit assister, impuissants, au déclin de leur chanteur vedette. Dans la mesure où il colle à la chronologie des événements qui mènent à la mort de Morrison en 1970, le film de Tom DiCillo adopte la même narration que le biopic d'Oliver Stone « The Doors » sorti en 1991, avec Val Kilmer dans le rôle principal.La valeur ajoutée de ce documentaire, premier long métrage de Tom DiCillo, qui règne sur le cinéma indépendant américain depuis vingt ans, tient au fait qu'il présente des images rares, y compris des séquences cultes, qui ressuscitent une fièvre rock and roll et évoquent une fois de plus la figure de ce poète, dont le génie le disputait à l'orgueil et à la vanité.
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