Conférence sociale : et si le gouvernement s'était trompé ?

En annonçant dès le début de son mandat l\'organisation d\'une « grande » Conférence sociale destinée à dresser une feuille de route des chantiers prioritaires pour les mois et les années suivantes, François Hollande, le président de la République n\'a-t-il pas fait une erreur de sémantique ? En effet, le gouvernement n\'ayant pas les moyens de ses ambitions dans le domaine social, il est clair  que les thèmes qui seront abordés ces lundi et mardi au Conseil économique, social et environnemental (CESE) - emploi, formation professionnelle, rémunérations, redressement productif, qualité de vie au travail et protection sociale -, ne seront pas étudiés sous cet angle. Etroitement liés,  ils seront débattus avec le souci de trouver des solutions permettant de restaurer la compétitivité de l\'économie française.Le redressement de la compétitivité fait presque consensusDans le quatre-pages destinés à ses militants, la CGT ne dit pas autre chose lorsqu\'elle explique que « la Conférence sociale doit porter des mesures aptes à relancer notre économie. C\'est la condition pour sortir du cadre de la rigueur et faire pro¬gresser la protection sociale ». Car comment relancer l\'économie sans redresser la compétitivité ? Comment préserver le modèle social français sans redorer le made in France. Même si les solutions divergent pour atteindre ces objectifs, cette question fait consensus entre la plupart des organisations patronales et syndicales. Le document de travail intitulé \"Approche de la compétitivité française\" rendu public en juin 2011 et élaboré par un groupe de travail paritaire composé de représentants de quatre organisations syndicales de salariés (CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO) et des organisations d\'employeurs (CGPME, MEDEF, UPA), et approuvé en mai 2011 par trois organisations syndicales de salariés (CFDT, CFE-CGC, CFTC) et les organisations d\'employeurs (CGPME, MEDEF, UPA) faisait apparaître plusieurs convergences.Celles-ci portaient notamment sur les points suivants : « l\'importance de la compétitivité, non pas comme une fin en soi, mais comme condition de la croissance, de l\'emploi et de la cohésion sociale ; la nécessité d\'une compétitivité durable, qui vise un mode de développement équilibré sur trois piliers, économique, social, et environnemental ».Un mot désormais tabou ? Bien sûr, l\'exécutif n\'a pas fait d\'erreur. Quelques semaines après le résultat du scrutin présidentiel, il eut été maladroit de reprendre le terme de compétitivité, terme allègrement employé Nicolas Sarkozy et son gouvernement. C\'est en effet au nom de la compétitivité que le gouvernement de François Fillon avait engagé un certain nombre de réformes et en particulier la TVA sociale mise en place pour alléger un coût du travail qui, en dix ans, a dépassé celui en vigueur en Allemagne.Un coût du travail qui est pour l\'Union professionnelle artisanale (UPA) LA question que cette conférence doit permettre de régler d\'ici la fin de l\'année. « En temps de guerre, on avait coutume de dire que la patrie était en danger. Au regard de la guerre économique que se mènent les pays entre eux, l\'économie française est en danger. Tous nos adhérents, y compris dans les secteurs jusqu\'ici épargnés comme l\'alimentaire, ont vu leur situation économique se dégrader ce deux derniers mois », s\'alarme Pierre Burban, le secrétaire général de l\'UPA.Les entreprises françaises souffrentLa CGPME fait le même constat et le même diagnostic. « En mai, le climat des affaires continue de se dégrader. Les carnets de commandes globaux se dégradent de nouveau. Les industriels sont assez pessimistes au sujet de l\'activité des mois à venir. Les perspectives générales sont d\'ailleurs mal orientées », note la Confédération dans son point mensuel de conjoncture daté de juin. \"Rehausser le salaire net sans augmenter le coût du travail pour l\'entreprise est un enjeu crucial pour l\'ensemble de la collectivité\", explique la Confédération.Si elle se satisfait globalement de la méthode de concertation choisie par le gouvernement, l\'UPA restera attentive à ce que l\'intérêt général soit préservé. « Les difficultés de l\'usine PSA d\'Aulnay ne doivent pas être l\'arbre qui masque la forêt. Il ne faut pas raisonner et agir uniquement en fonction des difficultés des entreprises industrielles du CAC 40. Un exemple : si elle a maintenu le niveau des ventes de Renault et PSA, la prime à la casse mise en place a été une catastrophe pour les garagistes, les carrossiers. De nombreuses entreprises du secteur ont souffert. Ce n\'est qu\'en raisonnant ainsi que cette Conférence sociale pourra atteindre ses objectifs » poursuit Pierre Burban.
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