Nordine Hachemi défend l'entrepreunariat social

Tout commence par une conviction forte. « Un problème social, cela commence toujours par un problème économique. Or, en France, on ne laisse pas assez de place à l'économie. Au contraire, on s'en méfie », lance Nordine Hachemi, PDG du producteur d'électricité Séchilienne-Sidece-Sidec. L'idéal, selon lui?: « Utiliser l'énergie d'un entrepreneur autour d'un thème social ». En 2005, alors directeur général délégué de la Saur, la filiale eau de Bouygues, il parvient à convaincre les cinq plus hauts dirigeants de la société d'investir leurs bonus annuels dans une fondation. Son objectif ? Accompagner les candidats entrepreneurs pendant la phase de démarrage de leurs projets, la plus délicate. Avec un critère de sélection des projets original?: qu'ils visent des catégories de population fragiles tels le troisième âge, les habitants de banlieues, les prisonniers, etc. Un budget initial de 600.000 euros, un investissement de 50.000 par projet. Les dossiers défilent devant la jeune Fondation Saur. Un créateur d'épicerie solidaire qui récupère les produits dont la grande distribution ne veut plus, pour les vendre moins cher dans un réseau de proximité?; un professeur d'éducation physique spécialisé dans les maisons de retraite qui veut étendre son service à domicile, un responsable d'une équipe de basket en chaise roulante qui souhaite prêcher la bonne parole dans les écoles et les prisons... « J'ai été inspiré par le travail d'Ashoka, l'association créée en 1980 en Inde par Bill Drayton, ancien consultant chez McKinsey, qui soutient des projets capables de propager de nouvelles solutions aux problème sociaux et environnementaux », explique Nordine Hachemi. Ce sont d'ailleurs les équipes françaises d'Ashoka qui sélectionnaient les dossiers de la Fondation Saur. De père algérien et de mère bourguignonne, élevé à Juvisy-sur-Orge en banlieue parisienne, Nordine Hachemi réfute une explication trop simple à ses engagements. « Je n'ai jamais été confronté à des difficultés d'assimilation ou d'intégration. » Même si l'ancien PDG de la Saur (12.000 personnes) admet?: « Parmi les patrons des 100 plus grandes entreprises françaises, il y en a peu qui portent un nom comme le mien. » Depuis son départ de la Saur ? et de sa Fondation ?, en 2008, Nordine Hachemi n'a pas lâché son intérêt pour les entrepreneurs sociaux. Il investit, à titre personnel, dans le fonds Business angel des cités (Bac), aux côtés de Claude Bébéar (Axa) ou de Gilles Cahen-Salvador (LBO France). Fonds de capital-risque dédié aux banlieues, Bac offre en outre aux jeunes entrepreneurs un accompagnement personnalisé par un grand patron. Le PDG de Séchilienne-Sidece-Sidec siège par ailleurs au conseil de surveillance de Citizen Capital, un fonds de capital- développement, fort de 15 millions d'euros, créé en 2008.« Nous nous intéressons aux petites entreprises dont les dirigeants sont freinés par des barrières sociales liées souvent à leur origine (minorités, banlieue, autodidactes...) qui n'ont rien à voir avec le potentiel des projets », explique Laurence Méhaignerie, l'une des fondatrices de Citizen Capital. « Pour autant, ce n'est pas de la philanthropie. Il s'agit de gagner de l'argent tout en identifiant des entreprises qui sont à l'écart des circuits traditionnels. » Un objectif partagé par Nordine Hachemi, peu enclin à lancer des actions sociales via le groupe qu'il préside. « Je suis toujours un peu dubitatif sur ces pratiques, qui ressemblent à de la communication. La meilleure action sociale à long terme, c'est préserver, voir augmenter, les capacités d'une entreprise à créer des emplois. » n? Demain?: entretien avec Jean-Pierre Blanc, directeur général des Cafés Malongo.
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