L'État et l'opinion à contretemps sur la grippe A

Qui aurait pensé, au plus fort de la vague d'inquiétude déclenchée cet été par les premiers morts de la grippe A, que le gouvernement aurait à convaincre les Français du bien-fondé de la vaccination ? La question était alors de savoir quand les vaccins seraient livrés et s'il y en aurait assez. Mais l'évolution de l'épidémie et la montée de la défiance à l'égard des nouveaux vaccins ont changé la donne. Selon l'Institut national de veille sanitaire (InVs), la France métropolitaine fait aujourd'hui face à une « petite épidémie stable, voire à la baisse. C'est une situation que l'on peut qualifier de calme bien que le virus H1N1 2009 continue à circuler, et il y a des hospitalisations ». En revanche, aucun décès n'a été recensé sur la période récente. La semaine dernière, la météo clémente a contribué au ralentissement de l'épidémie, puisque la grippe se développe en particulier au cours des vagues de froid. Si le retard du pic épidémique constitue donc une bonne nouvelle pour la population, il entraîne une baisse de vigilance et renforce les doutes de l'opinion sur la dangerosité de virus H1N1, alors que grimpe la défiance vis-à-vis du vaccin. Les Français s'inquiètent notamment de la présence d'adjuvants dans le vaccin et d'un conservateur à base de mercure (lire ci-dessous). Autre motif de préoccupation : les nouvelles procédures d'autorisation en urgence dont ont bénéficié ces vaccins. Selon les derniers sondages, 65 % des Français déclaraient qu'ils n'auraient pas recours au vaccin et seuls 52 % des médecins libéraux se disaient prêts à se faire vacciner contre le H1N1.plaidoyer pédagogiqueAlors que le gouvernement devrait déclencher sa campagne de vaccination « dans la deuxième quinzaine d'octobre » ou au plus tard début novembre, les autorités sanitaires se sont donc lancées hier dans un plaidoyer pédagogique en faveur des vaccins contre la grippe pandémique. « Il y a eu une petite vaguelette pendant l'été en France, mais la vague hivernale n'est pas encore arrivée », a prévenu le professeur Christian Perronne, président de la commission « maladies transmissibles » du Haut Conseil de la santé publique. Pour ce dernier, si l'hémisphère Sud a été relativement peu touché par le H1N1, c'est « parce que les hivers sont beaucoup moins rigoureux et que les pays sont peu peuplés. Quand la grippe va arriver dans les grandes mégalopoles, ce sera très différent ». « Comme la grippe A, très contagieuse, atteindra trois fois plus de personnes que la grippe saisonnière, elle peut causer trois fois plus de décès, et toucher des sujets jeunes et les femmes enceintes, qui présentent un surrisque évident », a-t-il encore déclaré. « La balance bénéfice/risque entre la vaccination et la grippe pandémique penche fortement en faveur de la vaccination », a résumé Didier Houssin, le directeur général de la Santé. Pour les autorités sanitaires, « s'il n'y a pas une bonne couverture vaccinale, il y aura une deuxième vague de contamination, qui pourrait être plus méchante que la première ».
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