Les laboratoires s'affairent, des zones d'ombre demeurent

C'est sans doute parce que son élaboration est suivie étape par étape depuis l'identification de la souche du virus par l'OMS, le 26 mai ? Quoi qu'il en soit, le paradoxe est flagrant : jamais vaccin n'aura à ce point fait polémique (lire ci-contre), tout en suscitant une attente aussi forte. La France ne fait pas exception. L'Afssaps a annoncé hier qu'elle évaluera le Panenza, le vaccin sans adjuvant de Sanofi Pasteur, via une procédure nationale (et non européenne), afin d'en raccourcir le délai. À partir d'un dépôt fin octobre, elle serait alors en mesure de rendre un avis « sous un mois » au lieu de début 2010.À l'inverse, les trois laboratoires qui ont obtenu des autorisations de mise sur le marché (AMM) de la Commission européenne ? le britannique GSK, le suisse Novartis et l'américain Baxter ? avaient soumis, dès 2007, des « dossiers maquette » (« mock-up files ») à partir des données sur le précédent vaccin pandémique, contre le virus H5N1 : processus de fabrication, résultats d'études cliniques? Ils les ont ensuite complétés au fur et à mesure des études menées cet été sur le H1N1. Le tout, là encore, afin de raccourcir le processus. Sanofi, qui n'avait pas enregistré de « mock-up », est le dernier laboratoire à attendre son AMM. Il est aussi le seul à proposer deux types de vaccins : avec et sans adjuvant. « Notre vaccin avec adjuvant (l'Humenza) est en cours de dépôt auprès de l'Agence européenne des médicaments (Emea), au fur et à mesure des données », indiquait hier un porte-parole de Sanofi.Le vaccin sans adjuvant intéresse particulièrement les autorités car il est recommandé par le Haut Conseil de la santé publique pour les populations fragiles (femmes enceintes, jeunes enfants, immunodéprimés). D'où le recours à une procédure rapide.Cette belle organisation n'empêche pas les zones d'ombre. Impossible pour l'heure de savoir combien de vaccins sans adjuvant seront disponibles : Sanofi et les autorités de santé se renvoient la décision. Difficile, aussi, de savoir combien d'injections il faudra pour être immunisé : deux selon GSK et Novartis, une selon la dernière étude de Sanofi.Dernière polémique en date : le vaccin contre la grippe saisonnière est-il efficace contre le H1N1, comme le suggère une étude scientifique mexicaine ? Non, ont répété ce matin les autorités de santé.Face à cette agitation, laboratoires et pharmaciens martèlent un message clair, à défaut d'être rassurant. « Comme tout médicament, un vaccin peut engendrer des effets indésirables, la plupart du temps bénins ou transitoires ou, beaucoup plus rarement, graves », souligne Philippe Lamoureux, directeur général du Leem (syndicat professionnel des groupes pharmaceutiques). C'est donc le « rapport bénéfice/risque » qui doit prévaloir, comme dans l'administration d'un traitement classique. A. T.
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