Contre-attaque des majors de la musique avec Vevo

Vingt-huit stars internationales de la musique, de Bono à Mariah Carey, en passant par Justin Timberland, Rihanna et la reine de Jordanie ! Le prestige de la soirée très privée de lancement de la plate-forme de musique en ligne Vevo, mardi soir à New York, se voulait à la hauteur des ambitions de Doug Morris, le patron d'Universal Music, pour ce projet. Maîtriser sans intermédiaire une plate-forme pour promouvoir ses artistes, les produits dérivés, les concerts, etc. C'est ce que les majors du disque tentent depuis l'irruption d'Internet. Et c'est ce que Doug Morris espère réussir avec Vevo, codétenue par Universal Music, Sony et le fonds Abu Dhabi Media Company.Vevo, dont la technologie est assurée par Youtube, le premier site mondial de partage de vidéo, propose le visionnage à la demande de milliers de clips vidéos, de contenus « premium » exclusifs, de concerts, des artistes Universal, Sony, de grands labels indépendants comme The Orchard ou Ioda et, suite à un accord annoncé lundi, d'EMI. Des discussions sont en cours avec Warner.Dès son lancement, Vevo a des accords avec vingt grands annonceurs ? AT&Tmp;T, McDonald's, Mastercard, Infinity? ? qui l'utiliseront comme plate-forme publicitaire pour toucher des jeunes qui désertent les écrans TV. Sur les 50 salariés de Vevo, dirigé par Rio Caraeff, ex-patron du numérique chez Universal Music, 35 ont été recrutés pour la commercialisation publicitaire du site. Un ancien dirigeant de la publicité de Nokia, David Kohl, est le patron de cette régie. L'accord conclu le 3 décembre par Vevo avec CBS Interactive Music Group lui donne accès aux événements musicaux ou interviews produits par les radios de CBS, et à Last.fm, le site d'écoute de musique en ligne (streaming) de CBS. Les régies locales de CBS entrent ainsi dans la boucle pour la vente de publicité.Bientôt sur smartphonesLancé d'abord aux États-Unis et au Canada, Vevo prévoit de se déployer internationalement, d'abord au Royaume-Uni l'an prochain, et également sur smartphones. À l'instar de MTV, qui dans les années 1990 a transformé la consommation de la musique à la télévision et s'est décliné en plusieurs chaînes, Vevo prévoit de créer des canaux par artistes ou par genre, et de lancer une offre par abonnement. En revanche, il ne vend pas de musique en téléchargement, et renvoie pour cela à Amazon et iTunes (Apple).Mardi à New York, dans un entretien avec la presse française invitée par Vivendi, propriétaire du numéro un mondial de la musique, Doug Morris a expliqué comment il a eu l'idée de convaincre Youtube, filiale de Google. Universal avait sa chaîne de clips sur Youtube qui faisait partie des contenus les plus visionnés (15 milliards de visionnages déjà enregistrés). « Mais chaque visionnage générait un revenu représentant une fraction de 1 cent. Et Youtube de son côté, avec les vidéos amateurs, ne réussissait pas à vendre assez de publicité et perdait de l'argent. » Doug Morris a tenté pendant des mois de convaincre « les ingénieurs de 23 ans », qui sont les responsables de Google, de son idée : faire migrer l'audience engendrée sur Youtube par les vidéos musicales vers une destination unique, avec des contenus exclusifs, plus séduisante pour les annonceurs.Une rencontre avec Eric Schmidt, PDG de Google, en mars dernier, a débloqué la situation. Un mois plus tard, l'accord était conclu, mais la clé du partage de revenus entre Vevo et Google est gardée secrète. Google apparaît comme le fournisseur de l'infrastructure technologique. Dans la nouvelle fonctionnalité de recherche sur la musique lancée dernièrement par Google, le lien vers Vevo apparaîtra en bonne place dans les résultats.
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