Chéreau, en pleine Persécution

cinémaUne mise en scène au cordeau, des dialogues brillants, une interprétation magistrale. Alors comment expliquer que le dernier film de Patrice Chéreau ? « Persécution » ? ne fonctionne pas toujours ? Ce dernier dit pourtant avoir mis beaucoup de lui-même pour tricoter l'histoire d'un personnage complexe et tourmenté, harcelé par un inconnu amoureux de lui. Une situation que le réalisateur a réellement vécue.Voici donc Daniel (Romain Duris). Le jeune homme subvient à ses besoins en travaillant sur des chantiers, également squattés comme domicile. Dès qu'il le peut, il essaye de voir sa petite amie, Sonia (Charlotte Gainsbourg), dont il est fou amoureux. Mais le couple a choisi de ne pas vivre ensemble. D'autant que Sonia a un besoin viscéral d'indépendance. Et elle est souvent en déplacement à l'étranger pour son travail. En son absence, Daniel en profite pour s'occuper de personnes âgées dans une maison de retraite. Il apporte aussi un soutien sans faille à son meilleur ami, dépressif chronique. Reste qu'il doit constamment lutter contre ses démons intérieurs. Et plus encore lorsqu'un homme (Jean-Hugues Anglade) commence à le suivre et à s'introduire chez lui.un double imaginaireIl y a quelque chose d'hypnotisant et de glaçant dans les premières scènes de « Persécution ». Notamment celle saisie dans le métro, où une femme gifle une passagère après avoir fait la manche. Chéreau braque sa caméra sur ses personnages, filme Paris comme une ville étriquée et étouffante. Les scènes avec Jean-Hugues Anglade sont saisissantes. Et l'on se demande si ce personnage si réel n'est pas un double imaginaire (l'inconscient ?) de Daniel.Dommage que le réalisateur ne maintienne pas cette tension, annoncée dans le titre, tout au long de « Persécution ». À cela, il préfère focaliser sur les questions existentielles (notamment sur le couple) que se posent ses personnages à travers des dialogues dont la longueur aurait davantage convenu au théâtre. Ils n'en sont pas moins portés par des comédiens exceptionnels qui occupent l'espace comme rarement à l'écran. Romain Duris est habité par son rôle. Jean-Hugues Anglade n'a jamais été aussi inquiétant, et Charlotte Gainsbourg ? par un jeu très dépouillé ? rappelle ici combien son prix d'interprétation à Cannes était mérité. n À lire : « J'y arriverai un jour », de Patrice Chéreau, Actes Sud, 189 p., 22 euros.
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