Sir John Rose quitte Rolls-Royce sur un bilan terni par l'explosion d'un moteur d'A380

Cela aurait dû être un départ triomphant. Mais le bilan du directeur général de Rolls-Royce, John Rose, a soudain été terni, début novembre, quand un moteur, fourni par son groupe, a explosé sur un Airbus A380 en plein vol début novembre, au dessus de l'Indonésie. L'appareil avait pu atterrir en urgence à Singapour mais la réputation de fiabilité de Rolls-Royce a depuis été mise à mal. À l'occasion des résultats annuels du groupe ce jeudi, John Rose quitte donc son poste, après quinze années à la tête du deuxième constructeur mondial de moteurs d'avion. Pendant cette période, il a fait de Rolls-Royce l'un des rares champions industriels britanniques basé à Derby dans le centre de l'Angleterre. Aujourd'hui, 45 des 50 principales compagnies aériennes utilisent ses moteurs. Sa recette ? Le contraire de l'approche des autres groupes britanniques. Il travaille sur le long terme et maintient une très forte exigence sur la qualité : ses fournisseurs s'en plaignent suffisamment au point de surnommer Rolls-Royce « auntie » (tante), pour son côté strict et austère. 70 milliards de commandesJohn Rose laisse une entreprise en excellente forme financière (chiffre d'affaires 2009 de 12 milliards d'euros et bénéfice avant impôts de 3,4 milliards d'euros). Son carnet de commandes est passé de 9 milliards d'euros en 1996, quand John Rose a en pris les rênes, à 70 milliards d'euros actuellement.Diplômé en psychologie, ayant rejoint l'entreprise dès 1984, ce grand amateur de rugby au physique de troisième ligne, est principalement crédité de deux grandes réussites : l'internationalisation du groupe, qui ne réalise plus que 15 % de son chiffre d'affaires en Grande-Bretagne et le développement des services. Moins que des turbines, Rolls-Royce vend aujourd'hui des contrats de maintenance, qui ont le double avantage d'être très rentables, et d'assurer des revenus de long terme. Ceux-ci représentent désormais plus de la moitié de son chiffre d'affaires, contre un tiers quand John Rose est arrivé à la tête du groupe.Les mérites de cet homme discret, mais très puissant sur la scène industrielle, sont cependant à relativiser. Le succès de son moteur a été lancé par son prédécesseur, et mentor, Ralph Robbins. L'explosion du moteur de l'A380 représente un coup dur. L'enquête, menée par les autorités aéronautiques australiennes, ne sera conclue qu'en novembre prochain, et les doutes persisteront d'ici là. Ce sera à John Rishton, son successeur, qui dirigeait le géant néerlandais de la distribution Ahold, d'en gérer les conséquences. Éric Albert, à Londre
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