Shizuka Kamei, le ministre anti-réforme du Japon

« Surréaliste » : c'était l'adjectif employé pour décrire la nomination fracassante de l'improbable Shizuka Kamei au poste de ministre des Services Financiers et Postaux dans le gouvernement de Yukio Hatoyama en septembre dernier. Si un homme ne représente pas l'alternance, c'est bien lui. Si quelqu'un incarne tout ce qu'abhorre l'industrie financière qu'il est censé réguler, et le refus de la réforme, capitale, de la Poste japonaise (la plus grande banque du monde par ses actifs) c'est lui encore. Jadis, il incarnait le conservatisme jusque dans les rangs du Parti Libéral Démocrate (PLD), qu'il quitta en 2005 après s'être opposé ouvertement à l'agenda réformiste du Premier ministre Junichiro Koizumi. À l'époque, il s'était notamment illustré en comparant les investisseurs financiers venus racheter des sociétés publiques en difficulté à des « vautours ». Cris d'orffraieRevenu aux affaires, il poursuit son chamboule-tout politique avec un certain succès. Après avoir exigé (sans succès) un moratoire des banques sur leurs débiteurs, il est parvenu à doubler de 10 à 20 millions de yens (de 80.000 à 160.000 euros) le plafond en dessous duquel les dépôts postaux sont garantis au Japon. Ce, malgré les cris d'orfraie des autres ministres de son gouvernement, qui avancent, avec raison, que la Poste se retrouve en situation de concurrence déloyale face aux acteurs privés. Une nouvelle crise bancaire précipitera les petits porteurs vers la Poste, asséchant plus encore le capital des autres acteurs, prédisent ces Cassandre. 3 sièges sur 480Shizuka Kamei n'en a cure. Sernière intiative en date, sa sortie, cette semaine,pour un plan de relance de 117 milliards de dollars. Soutenu par Ichiro Ozawa, l'homme fort du Part Démocrate du Japon, au pouvoir, le ministre se vante d'avoir plus de poids dans la nouvelle majorité que le chef du gouvernement lui-même. Il a sans doute raison. Ce alors que selon les sondages, la côte de popularité électorale de son minuscule parti -3 sièges sur les 480 que compte la chambre basse et 5 dans la chambre haute- est à... 0%. Shizuka Kamei, loin d'être une exception, illustre en réalité parfaitement le mode de fonctionnement du monde politique japonais : un jeu de tractation permanentes entre personnalités et clans, qui ne définit jamais l'intérêt général.
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