La bulle des marchés émergents se gonfle encore

« La Bourse de Djakarta atteint des niveaux tels que l'on peut désormais considérer qu'elle est dans une bulle. » L'alerte a été lancée cette semaine et elle émane, pas moins, de la très sérieuse Banque centrale indonésienne. « Le prix des actions excède désormais la valeur fondamentale des sociétés », indique Perry Warijiyo, responsable de la recherche économique au sein de l'institut monétaire. La banque d'Indonésie a d'ailleurs travaillé à la faisabilité de mise en oeuvre de mesures visant à contrôler les flux de capitaux. De fait, l'indice de la Bourse de Jakarta affiche sur les douze derniers mois la meilleure performance en Asie (+143% en dollar). Ce qui, selon Bloomberg, classe ce marché parmi les mieux valorisés (20,2 fois les résultats estimés) après ceux de la Chine, de l'Inde et de Taïwan. Contrôle des capitauxL'Indonésie, victime de son succès ? de sa croissance encore revue à la hausse pour cette année à 5,6% ? D'autres pays, le Brésil et Taïwan, en l'occurrence, ont déjà eu, eux aussi, besoin de recourir à ce type de mesures visant à limiter l'afflux de capitaux spéculatifs. Mais la tendance s'accentue. Jakarta surfe en effet sur l'appétit que suscitent aujourd'hui les marchés émergents dans leur ensemble. Et plus encore ces derniers jours.Selon l'organisme de statistiques sur les fonds d'investissement EPFR, ce sont pas moins de 10,8 milliards de capitaux nets qui se seraient précipités depuis le début de l'année sur cette classe d'actifs, dont 3,27 milliards sur la seule semaine qui vient de s'écouler. Pressions inflationnistesL'indice MSCI EM de cette classe d'actifs a, quant à lui, atteint un plus haut depuis le mois de juillet 2008. Quant aux devises, elles ont, dans certains pays, comme la Pologne et la Turquie, enregistré des mouvements haussiers record.Cette tendance est aussi corroborée par la banque HSBC qui publie également un indice reflétant cette classe d'actifs mais basé sur les données des PMI : son baromètre a bondi à 57,4 au premier trimestre, ce qui constitue une forte augmentation par rapport à un an et demi, époque à laquelle l'indice avait chuté à 43,4.« Cette dernière performance indique que l'activité économique des pays émergents retrouve ses meilleurs niveaux », commente Stephen King, chef économiste du groupe HSBC, estimant par ailleurs que celle-ci devrait poursuivre sur sa lancée. Même si, nuance-t-il, « elle met également en évidence les futurs risques, issus principalement des pressions inflationnistes ». Mais aussi les autres, notamment celui d'une « bulle immobilière en Chine ». Jugée « certaine », entre autres par le milliardaire George Soros, elle fait désormais craindre, selon ses propres termes, des « répercussions dans le monde entier » si les autorités chinoises « n'ont pas suffisamment agi pour l'enrayer ».
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