Le rachat de Completel par Numericable autorisé... mais reporté

C'est un cas assez rare dans les annales. L'Autorité de la concurrence a autorisé le rachat de Completel par Numericable... mais l'opération ne se fera pas. Pour l'instant, car l'acquéreur préfère attendre. Mi-avril, le câblo-opérateur avait déposé un dossier auprès du gendarme de la concurrence pour être autorisé à racheter Completel, société soeur détenue par les mêmes actionnaires : les fonds Altice, Cinven et Carlyle. Ce feu vert a été obtenu aisément. L'autorité, dans une décision qu'elle vient de publier, estime que ce rachat ne pose pas de problème de concurrence, étant donné les faibles parts de marché des deux opérateurs, en particulier face à France Télécome;lécom. Par exemple, elle relève qu'aucun d'eux ne détient plus de 5 % du marché de la location de fibre optique, ou du marché du téléphone professionnel. Un tel rachat permettra aussi de simplifier les structures et de doper la croissance : en 2009, le chiffre d'affaires de Completel (spécialisé dans les services aux entreprises) a crû de 10 %, alors que le groupe Numericable-Completel a quasi stagné (+ 1,7 %). difficulté évidenteToutefois, la société assure que le rachat « n'est pas à l'ordre du jour », tout en refusant d'expliquer pourquoi. Une difficulté paraît évidente : un tel rachat modifiera obligatoirement la dette de l'un ou de l'autre. Soit Numericable rachète Completel avec sa dette (environ 400 millions d'euros, essentiellement détenue par Calyon), ce qui alourdira sa propre dette, et donc nécessitera l'accord de ses propres créanciers, dont certains sont durs en affaires, comme l'a montré l'âpre renégociation menée en 2009. Soit la dette de Completel est remboursée avant le rachat, ce qui nécessite alors de trouver 400 millions. Apparemment, le groupe envisage plutôt de mener ce rachat dans le cadre d'une renégociation globale de sa dette, qui est de toute façon inéluctable avant les grosses échéances à rembourser en 2014. D'ici là, il se tient donc à l'affût en attendant le meilleur moment sur les marchés, notamment les taux d'intérêt. Il élabore différents scénarios avec ses banquiers habituels, qui auraient été rejoints par Credit Suisse. Une possibilité est notamment l'émission d'obligations à haut rendement (« high yield »), que les créanciers ont autorisée en 2009. JAMAL HENNI
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