Alcatel-Lucent avance petit à petit sur la voie de la « normalité »

télécomsC'était il y a un an. Miné par deux années de luttes intestines et plombé par une accumulation de pertes depuis la fusion signée en décembre 2006, Alcatel-Lucent changeait de têtes. Philippe Camus prenait le siège de président du conseil d'administration en remplacement de Serge Tchuruk. Et Ben Verwaayen celui de directeur général qu'occupait auparavant Patricia Russo. Douze mois plus tard, l'équipementier en télécoms n'est pas encore devenu une entreprise « normale » comme le voudrait Ben Verwaayen, à savoir une société qui gagne régulièrement de l'argent, qui verse des dividendes et qui augmente ses salariés. Mais les premiers changements sont perceptibles.recrues externes« Les passeports ont disparu », se félicite ainsi Philippe Keryer, membre du comité de direction du groupe. Longtemps après la fusion, les salariés, notamment les dirigeants, se regardaient encore comme ex-Alcatel ou ex-Lucent, provoquant parfois des luttes intestines qui se ressentaient directement sur les ventes. « Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des ingénieurs de nos sites français travailler jour et nuit sur le projet de réseau mobile à très haut débit [LTE] de l'opérateur américain Verizon », raconte Philippe Keryer. Un changement de mentalités qui résulte en partie de l'arrivée de sang neuf dans l'entreprise. La double parité imposée lors de la fusion, Alcatel-Lucent et Français-Américains, n'est plus la règle depuis le changement de direction l'an dernier. Aujourd'hui, l'objectif est de confier un tiers des postes de management à des recrues externes. Ce qui a déjà été fait au comité de direction.Autre modification importante, Alcatel-Lucent n'est plus divisé par ligne de produits mais par grande zone géographique ayant chacune son compte de résultats. Du coup, le directeur de la division gère de A à Z la relation avec son client, opérateur en télécoms ou entreprise, et ne peut donc plus reporter la responsabilité sur un autre dirigeant.Pour autant, tout n'est pas encore revenu à la normale chez Alcatel-Lucent. Le groupe a annoncé en plein c?ur de l'été un nouveau programme de réduction de ses effectifs en France, le quatrième depuis la fusion. Mille emplois sont concernés. L'objectif est de ramener les charges de fonctionnement au niveau de celles des grands concurrents comme Ericsson. Alors qu'un comité central d'entreprise est prévu pour la semaine prochaine, des représentants de l'intersyndicale ont rencontré hier le ministre chargé de l'industrie, Christian Estrosi, pour lui faire part de leurs inquiétudes. Ensuite, malgré des bénéfices au deuxième trimestre, le groupe sera à peine à l'équilibre en fin d'année.Enfin, toutes les scléroses n'ont pas disparu du jour au lendemain. Pour preuve, Ben Verwaayen a créé fin juillet un poste de responsable de la transformation, une fonction qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, n'existait pas auparavant. La mission a été confiée à Victor Agnellini. Un « vrai challenge », reconnaît cet Argentin polyglotte, ancien directeur de la région Caraïbes et Amérique latine, entré chez Lucent en 1989 comme commercial. « Il s'agit de mettre en ?uvre la stratégie, de simplifier la structure et les processus de décision, et de modifier la culture de l'entreprise », explique Victor Agnellini, dont le « mandat » est ouvert pour deux ans. À cet horizon, Alcatel-Lucent sera peut-être enfin devenue une entreprise « normale ». Olivier Pinaud
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