Régulation : gare au « grand machin »

La guerre n'est pas encore gagnée, mais les banques viennent indéniablement de remporter une bataille : le rapport Lepetit-Dissaux sur la prévention, le traitement et la résolution des crises bancaires, recommande vivement de ne pas imposer des fonds propres supplémentaires aux établissements dits « systémiques ». Les rapporteurs conseillent plutôt de donner toute latitude aux régulateurs pour surveiller en amont les établissements susceptibles de poser problème et de leur imposer les mesures de prudence nécessaires. Voilà qui semble relever du bon sens le plus élémentaire. Certes. Mais en donnant aux régulateurs cette nouvelle mission, n'est-on pas en train de forger de « grands machins », aux pouvoirs démultipliés et finalement peu susceptibles d'intervenir en temps et en heure lorsque les problèmes reviendront pointer leur bout du nez ? Les régulateurs sont, de fait, au coeur de toute la réorganisation des règles prudentielles et de bonne gouvernance des marchés financiers. Michel Barnier, à Bruxelles, ne ménage pas sa peine pour essayer de démêler l'écheveau et de redonner un peu plus de clarté à certaines pratiques les plus contestables. Mais attention. À trop vouloir centraliser les pouvoirs, ceux-ci perdent en proximité, donc forcément en efficacité. Et Dieu sait si, dans ce secteur d'activité, on n'a pas le droit de prendre la moindre minute de retard par rapport à l'exécution de millions d'ordres en l'espace de nanosecondes. L'AMF l'a bien compris, qui vient de s'émouvoir officiellement du projet de rapprochement de Nyse-Euronext et Deutsche Börse : comment organiser une régulation équilibrée entre toutes ces places financières aux règles radicalement différentes ? [email protected]
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