Les hedge funds, nouvelle marotte

Frédéric Eechaute n'en revient pas. Cet analyste vétéran de la place financière de Tokyo vient d'ouvrir à Sydney un hedge fund spécialisé sur les valeurs boursières japonaises. Ceux qui l'écoutent avec le plus grand intérêt sont les acteurs les plus conservateurs de la place, les ménages. « Hedge fund n'est plus un gros mot au Japon », se réjouit-il. La raison de son succès ? Les Japonais ont épuisé les recettes classiques de l'investissement. Depuis son effondrement, qui a débuté en 1989, la bourse de Tokyo n'a jamais vraiment réussi à se reprendre. Même quand les autres places se relèvent, elle demeure en général à contre-cycle. Les Japonais ne peuvent pas non plus compter sur les obligations, au rendement nul dans l'environnement de taux proches de zéro constatés dans l'archipel. Ils croyaient avoir trouvé un remède miracle dans le « carry trade », jouant les différentiels de taux entre monnaie et d'autres devises plus exotiques, comme le rand sud-africain ou la livre turque : en 2008, le retournement du yen les a douchés. Résultat : ils se tournent vers des acteurs plus « sulfureux », comme les hedge funds. « Il faut être court-termiste, liquide et très transparent pour réussir avec les Japonais », explique Frédéric Eechaute. Les investisseurs institutionnels nippons l'ont compris, multipliant désormais dans leurs brochures les présentations de hedge funds à leurs clients. Exemple : Nomura, le premier courtier du pays, avait introduit dans son catalogue d'investissements le gigantesque hedge fund britannique Man. « Le fonds a été sursouscrit par les investisseurs particuliers, qui ont investi pour 600 millions de dollars », explique un analyste. Pour ce dernier, l'attrait des Japonais pour les hedge fund est une tocade de plus. « Banques et courtiers recueillent une commission moyenne de 6 % la première année sur leurs frais d'ouverture de dossier, à quoi il faut ajouter les frais de gestion d'environ 2 %. Bref, si vous gagnez moins de 10 % par an, vous perdez de l'argent ! » relève Laurent Halmos, analyste et écrivain spécialisé sur les petites valeurs japonaises. Régis Arnaud à Tokyo
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