Google et Verizon unis pour bouleverser Internet

Longtemps opposés sur la question de savoir qui devait payer pour le transport des données sur Internet, notamment du fait de l'explosion du trafic vidéo, Google et Verizon militent aujourd'hui, main dans la main, pour obtenir une évolution des règles du jeu. L'annonce a provoqué un tollé dans le camp des défenseurs de la « neutralité d'Internet ». Selon eux, cette alliance opportune entre le géant de l'Internet et l'opérateur de télécoms menace le principe fondateur du réseau, celui qui interdit toute forme de discrimination sur la Toile afin de permettre aux plus petits acteurs de pouvoir y accéder.Officiellement, Google et Verizon ne font que soumettre une « proposition de cadre législatif  » à l'attention des autorités américaines des télécoms (FCC). Ce cadre, expliquent-ils, définirait la neutralité du net sous trois conditions : que les fournisseurs d'accès à Internet ne fassent pas de « discrimination entre les contenus légaux », qu'ils protègent l'accès à tous les utilisateurs et que les informations sur les services et les tarifs soient transparentes.C'est ce dernier point qui inquiète. Rien n'empêcherait un groupe de services de conclure un accord avec un opérateur de télécoms pour que celui-ci vende à ses clients une offre, voire une qualité de service améliorée. Et Google et Verizon de citer plusieurs services qui pourraient être facturés en plus : la santé à distance, les applications d'éducation ou les jeux. Verizon pourrait par exemple vendre les jeux édités par Google. Les défenseurs de l'Internet ouvert craignent que ce système exclut de nombreux acteurs et crée un réseau à deux vitesses : un Internet public, ou de base, pauvre en services, et un réseau riche en contenus et services, mais beaucoup plus cher. Pour apaiser ces craintes, Google et Verizon propose que la FCC « applique les politiques d'accès ouvert à l'Internet au cas par cas, en s'appuyant sur les plaintes » et puisse « imposer des amendes jusqu'à deux millions de dollars » aux contrevenants.En fonction du prix payé En échange de ce contrôle, Google et Verizon voudraient que l'Internet mobile, celui accessible via les téléphones ou les ordinateurs connectés à la 3G, soit exclu de cette régulation. Selon eux, compte tenu de la forte concurrence dans la téléphonie mobile et du risque d'encombrement des réseaux, les opérateurs et les groupes de contenus doivent pouvoir gérer librement l'accès aux services, notamment en fonction du prix payé par le consommateur. Une proposition maligne alors que les appareils mobiles (téléphones, tablettes, ordinateurs...) seront dans quelques années, selon les propres déclarations du patron de Google, le moyen le plus utilisé pour accéder à Internet. La FCC n'a pas souhaité commenter cette « proposition de cadre législatif » mais elle a interrompu la semaine dernière les discussions qu'elle menait depuis plusieurs semaines avec les différents acteurs des télécoms et des médias américains. En France, le débat sur la neutralité d'Internet est ouvert depuis plusieurs semaines et reprendra à la rentrée alors que les parlementaires viennent de recevoir le rapport rédigé sur cette question par le secrétariat d'Etat à l'Économie numérique. Celui-ci défend un Internet le plus ouvert possible, que ce soit dans le fixe ou le mobile, afin que le marché ne soit pas cadenassé par les acteurs les plus puissants.
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