Quelle valorisation pour le Chrome de Google ?

Le chrome est un métal rare qui vaut près de 10.000 dollars la tonne. C'est aussi le nom choisi par Google pour son nouveau navigateur que Jacques Hiers a testé (lire page 30). L'événement a secoué une communauté financière engourdie par la crise et la torpeur estivale.Un nouveau navigateur ? " Pourquoi cela a-t-il pris tant de temps ? " s'interroge l'Union des banques suisses (UBS). Et de répondre en substance que le contrôle de la navigation des internautes, la possibilité de connaître leurs choix, leurs goûts, et la capacité de vendre de la publicité ou des liens sponsorisés pertinents sont des critères clefs de la rentabilité à long terme pour Google.Or Microsoft a incorporé dans la version bêta de la dernière mouture de son navigateur Internet Explorer un dispositif de sécurité des données de la vie privée qui serait capable de rendre Google totalement aveugle. Chrome est donc une réponse de Google à la menace potentielle de Microsoft. Mais ce n'est pas tout.Si ce navigateur en est encore au stade des essais, ses composantes techniques permettent de discerner les avantages que Google peut en tirer : 1) Chrome favoriserait l'utilisation du Web, notamment en fournissant une plate-forme qui ne bloque pas en fonction des applications choisies ; 2) il permettrait d'augmenter le volume de recherche ; 3) il contribuerait à la défense des parts de marché de Google sur la recherche face à Microsoft ; 4) il devrait augmenter la monétisation liée à la recherche grâce à des fonctions qui améliorent la pertinence des messages publicitaires présentés ; 5) il devrait stimuler la demande pour les solutions de " cloud computing " de Google (agenda, stockage de données et collaboration sur Internet) ; 6) il devrait être solidement intégré à Android, le système d'exploitation Open Source de Google pour téléphone mobile.Sur tous ces points, les analystes ont dûment applaudi. À se demander même s'il existe quelque chose de négatif à considérer. On peut toutefois remarquer l'escalade d'un conflit non déclaré mais bien réel avec Microsoft. Google marche à nouveau sur les plates-bandes de celui-ci, comme il l'avait déjà fait avec sa suite Google Apps.En outre, si Google est capable d'innover, et souvent, la réussite du lancement de nouveaux produits sur le marché est loin d'être assurée. Pour être crédible en termes de contributeur aux profits, il faudrait que Chrome obtienne le même succès que Firefox, le navigateur Open Source de la fondation Mozilla (20 % de parts de marché). Un effort pourrait être fourni auprès des fabricants de PC pour qu'ils le préinstallent sur le disque dur de leur machine mais cela renchérirait le coût d'acquisition pour les clients. Bref, si Chrome représente l'avenir, celui-ci reste encore incertain.À court terme cependant, Google pourrait offrir plus d'avantages tangibles à ses actionnaires avec l'amélioration de son service Adwords. Le mois dernier, l'entreprise a présenté des méthodes plus pertinentes pour les annonceurs et les marketeurs. Globalement, après la participation à une enchère pour l'achat d'un mot clef, le niveau de qualité de l'annonce sera beaucoup plus finement noté grâce à dix graduations (10 étant la meilleure note), contre trois auparavant. Par ailleurs, le montant minimum ne sera plus misé sur un mot clef mais pour que l'annonce apparaisse sur la première page de résultats. Ces dispositions devraient être appréciées par les annonceurs et devraient stimuler le chiffre d'affaires d'Adwords.Fort de ces éléments, on peut tenter de déterminer une valorisation à moyen terme pour Google. En tenant compte d'un taux de croissance à long terme de 25 % (peut-être trop optimiste), la maison de titre Susquehanna Financial Group envisage un PEG compris entre 1 et 1,5 fois (PEG ou price-to-earning growth est le rapport entre le multiple de capitalisation et le taux de croissance des profits). Cela donne un objectif de cours de 660 euros d'ici douze mois.Néanmoins, l'environnement économique, en particulier le recul des dépenses publicitaires dans les pays développés (États-Unis, Grande-Bretagne, Europe), peut produire un effet défavorable sur le taux de croissance des profits de Google. Pour le troisième trimestre, Wall Street table sur une hausse de 5 % du chiffre d'affaires et des profits. Les plus optimistes, eux, soulignent que Google permet de posséder deux options gratuites sur le développement de deux services : la monétisation de YouTube (elle démarre... lentement) et la recherche sur téléphone mobile (la fameuse application " tueuse " de l'Internet mobile).(*) Journaliste, responsablede la page Nouvelles Technologies.Les regrets des actionnaires de YahooAu début de l'année, Microsoft était prêt à offrir 31 dollars par action pour Yahoo. Le conseil d'administration de l'entreprise a refusé l'offre. Microsoft a renchéri, proposant 33 dollars par titre. Le conseil a refusé de nouveau, demandant 37 dollars. Trop cher, a répondu Microsoft qui vient de racheter Greenfield Olone pour 486 millions de dollars. Il ne conservera que le moteur de comparaison de prix Ciao. Quant à Yahoo, son titre est revenu à 18 dollars et ses actionnaires se lamentent...
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