Marseille la contestataire en pointe des revendications

Ici les cheminots débrayent les premiers et reprennent le travail les derniers. Marseille reste plus que jamais fidèle à sa réputation de terre de conflits sociaux. Une réforme comme celle des retraites ne pouvait donc pas se faire sans heurt. Après 13 jours de grève, plus de cinquante navires ont jeté l'ancre dans la rade de Marseille-Fos, faute de pouvoir s'amarrer aux quais. Les terminaux pétroliers et marchandises restent à l'arrêt, dockers et agents du GPMM (Grand Port Maritime de Marseille) n'opèrent plus les bateaux. Les personnels des cantines et de plusieurs dépôts de carburants sont également en grève illimitée. Dans quelques jours, les stations service de tout le tiers sud-est de la France seront à sec car 30 % des hydrocarbures arrivant en France transitent par Marseille. La raffinerie de Total La Mède devra stopper son activité dès ce week-end, faute de brut. Elle fonctionne déjà depuis plusieurs jours sur les réserves stratégiques de Manosque. Après des semaines de flottement, le processus d'une forte mobilisation s'engage à Marseille et dans ses environs. Un phénomène ici relativement habituel, venant de la base et que les syndicats ont souvent beaucoup de mal à contrôler. Marseille la rebelle. Ce cliché reste d'actualité. La cité phocéenne, sans doute la grande ville la plus pauvre de France, possède un tissu économique déséquilibré composé de grands groupes ou d'entreprises du service public. Les grèves y sont plus faciles à organiser que dans des PME. bouillonnementSNCM, port, réparation navale, agroalimentaire, SNCF, Régie des transports marseillais... la CGT est souvent montrée du doigt comme responsable des conflits. Mais beaucoup des mouvements de ces dernières années se sont appuyés sur des intersyndicales regroupant la CFDT, FO et les syndicats autonomes. Marseille possède une histoire bouillonnante. Déclarée ville sans nom sous la révolution, la cité était déjà sous le feu des canons des forts Saint-Nicolas et Saint-Jean sous Louis XIV. La révolution industrielle n'a pas arrangé les choses avec l'émergence d'une population ouvrière confrontée à des conditions de travail extrêmes sur les quais, dans les huileries et les savonneries. L'arrivée par vagues d'Arméniens, d'Italiens et d'Espagnols fuyant le nationalisme a nourri un socle politique anarchiste et communiste dans les quartiers populaires, qui reste encore très présent. C'est d'ailleurs à Marseille que sont nés les « comités de chômeurs ». Gérard Tur,à Marseille
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