Le Brésil adopte des règles de non-discrimination raciale

C'est un tabou vieux de plus d'un siècle que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a levé il y a quelques jours, en promulgant une loi garantissant la non-discrimination raciale dans le pays. Alors qu'environ la moitié des 200 millions de Brésiliens se déclarent Noirs ou métis, le plus grand pays de l'Amérique latine, qui a été l'un des derniers à abolir l'esclavage (en 1888, contre 1865 aux États-Unis) s'est toujours enorgueilli d'avoir créé une société sans racisme. En fait, au racisme s'est substituée une discrimination fondée sur la classe sociale. Or les Noirs se trouvent souvent en bas de l'échelle... Au début de sa carrière, restaurants branchés et boîtes de nuit n'hésitaient pas à refouler le joueur de foot Pelé, par exemple. Selon les statistiques officielles, les revenus de la population noire, malgré le boom économique actuel, ne représentent encore aujourd'hui que 58 % de ceux de la population blanche. La moitié de la population noire est cantonnée à des emplois subalternes. De même, les Noirs sont mal soignés et mal représentés politiquement dans le pays. La raison principale, héritage de l'esclavage, est un manque d'accès à l'éducation. Aujourd'hui encore, la majeure partie des analphabètes du pays (soit 10 % de la population) sont noirs. Entreprises récompenséesConscient de ce problème social et économique - après tout, en rejetant à la marge une grande partie de sa population, le Brésil se prive par là même d'un potentiel de consommation et de 2 % de croissance supplémentaire, selon les experts -, Lula avait lancé, en 2006, une initiative en faveur d'un meilleur accès aux universités pour les Noirs, à base de quotas. Résultat, alors que 2 % à peine de la population étudiante se disait noire en 2004, cette proportion est passée à plus de 12 % après 2006. Pourtant, la nouvelle loi, discutée pendant plus de sept ans par les parlementaires, a abandonné la notion de quotas, aussi bien pour les universités (le texte n'exige qu'un enseignement de l'histoire noire à l'école primaire...), les partis politiques et les entreprises, faute de consensus. Les entreprises se verront offrir en revanche des avantages fiscaux si elles font l'effort d'embaucher plus de personnes de couleur dans leurs rangs. C'est déjà le cas dans certaines multinationales, notamment américaines, tel Xerox, qui tendent à appliquer leur programme de diversité raciale partout où elles sont installées. Avec un handicap supplémentaire pour les Brésiliens noirs : ils ne parlent pas l'anglais...La marque Levi Strauss avoue ainsi que malgré ses efforts, elle n'a que 10 % de cadres noirs sur place. n
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