L'argent illégal en Chine équivaut à un tiers du PIB

La lutte contre la corruption est l'une des préoccupations majeures du Parti communiste chinois (PCC). He Guoqiang, membre du Comité permanent du bureau politique du comité central du PCC, en charge du « contrôle de la discipline », a de nouveau appelé mercredi à lutter contre la corruption financière. Selon la China Reform Foundation, une institution à but non lucratif dépendant de la Banque centrale et du ministère des Affaires civiles, sponsorisée par le Credit Suisse, que l'agence Bloomberg s'est procurée, quelque 9.300 milliards de yuans (1.070 milliards d'euros) n'ont pas été déclarés aux autorités en 2009. Un tel niveau équivaut à environ un tiers du PIB chinois.Cet argent, qualifié « d'illégal ou quasi illégal », est détenu essentiellement par les familles les plus riches. En effet, si la moyenne annuelle des revenus disponibles par ménage vivant en ville s'élevait en 2009 à 32.154 yuans (3.691 euros), soit un niveau supérieur de 90 % aux chiffres officiels, ceux des 10 % les plus riches atteignaient 139.000 yuans (15.977 euros) alors que ceux des 10 % les plus faibles tombaient à 5.350 yuans (615 euros). En fait, les 20 % les plus fortunés détiennent à eux seuls plus de 80 % de cet argent illégal.Monopole capitaliste de copinageCela confirme que les inégalités sociales en Chine, déjà bien marquées, sont plus criantes que ce que les données officielles indiquent. Les autorités en ont bien conscience, puisque tant le président, Hu Jintao, que le Premier ministre, Wen Jiabao, ont fait de leur réduction l'une de leurs priorités. C'est d'autant plus urgent que les manifestations, grèves, voire émeutes des laissés-pour- compte de la croissance se sont multipliées ces derniers mois. « Une fois que le pouvoir d'État et le capital sont unis, la libre concurrence de l'économie de marché commence à être remplacée par le monopole capitaliste de copinage, menant à des disparités dans la distribution des biens et des revenus, une faible efficience économique et une exacerbation des conflits sociaux », estime Wang Xiaolu, l'un des rédacteurs de l'étude, fondée sur des entretiens auprès de plus de 4.000 ménages vivant dans 64 villes de 19 régions.Cet argent « gris » provient de la corruption - par exemple sous forme de « cadeaux » aux officiels, de rétrocessions de commissions sur des projets dans la construction, de pots-de-vin pour l'obtention de marchés pour le compte de monopoles d'État, notamment celui du tabac, de bénéfices non déclarés réalisés dans l'immobilier...Le pouvoir lutte contre ce fléau. En 2009, une quinzaine de hauts fonctionnaires et de ministres ont été arrêtés, après le spectaculaire procès de Chongqing. En mai, Huang Guangyu, un milliardaire ayant fait fortune dans l'électroménager, a écopé de quatorze ans de prison. Le mois dernier, le pouvoir a édicté une règle obligeant l'ensemble des fonctionnaires chinois à déclarer leurs revenus et leur patrimoine. Plus édifiant, Li Changchun, un haut responsable du PCC, vantait jeudi à Pékin la valeur éducative d'une pièce jouée au Théâtre national de Chine. Elle raconte l'histoire d'un membre du PCC à la retraite luttant contre la corruption. Son titre : «La lutte finale»... Robert Jule
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