Établissements européens : le financement restera le nerf de la guerre en 2011

Propulsé sur le devant de la scène pendant la crise, le financement va rester un facteur clé dans l'évolution du secteur bancaire européen cette année, et sans doute au-delà. « Comme en 2010, l'accès aux marchés et à la liquidité dans de bonnes conditions va différencier les acteurs », estime Groupama Asset Management dans une note de synthèse sur le secteur. Cette différenciation commence par l'accès aux dépôts, qui constitue actuellement un coût de financement pour les établissements du fait de l'effondrement des taux d'intérêt à court terme. Après avoir touché le fond l'an dernier, la marge sur les dépôts à vue est encore à un niveau historiquement bas, tandis qu'elle reste négative, en moyenne, sur les dépôts à terme. Un problème particulièrement prégnant pour les banques engagées sur leur marché domestique dans une guerre des dépôts, à l'image des espagnoles. Mais le principal enjeu est celui du financement obligataire, même si le déficit de financement des banques européennes (écart entre les prêts et les dépôts) s'est amenuisé sous l'effet de la réduction globale des tailles de bilan, passant de 3.500 milliards d'euros en septembre 2008 à 2.000 milliards deux ans plus tard. Il faut en effet y ajouter les 2.000 milliards d'euros de dette arrivant à échéance entre 2011 et 2013. Les banques devront en outre se préparer au nouveau cadre de Bâle III, ce qui pourrait les pousser à émettre 2.000 milliards de dette à moyen ou long terme supplémentaires ces trois prochaines années, estime Groupama AM. « La boîte à outils »Confronté à des échéances de 725 milliards dès cette année, le secteur a pris les devants. Outre la réduction globale d'environ 100 milliards d'euros de ses engagements, il a profité des fenêtres de marché en 2009 et 2010 pour préfinancer près de 100 milliards par anticipation. Il a aussi levé 120 milliards depuis le début de l'année, dont 35 milliards sur le marché en dollars. Pour couvrir les 400 milliards manquant dans un contexte de faible appétit pour la dette senior, le secteur « sort la boîte à outils », note Groupama AM. Il mise notamment sur les obligations sécurisées, « en passe de devenir la première source de refinancement à long terme du secteur ». Il en a déjà émis pour 54 milliards d'euros depuis le début de l'année, soit 15 milliards de plus que l'an dernier à la même date, et pourrait pousser jusqu'à 250 milliards sur l'année, ce qui constituerait un nouveau record. Les banques comptent enfin sur la titrisation, qui, désormais, leur sert surtout de collatéral pour accéder au refinancement à court terme de la Banque centrale européenne. B. J.
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