Lafarge met un coup d'accélérateur en Chine

C'est une mégalopole située au coeur de la Chine, une ville-province à la mesure du pays le plus peuplé du monde. Hérissée de tours, Chongqing, dont la superficie équivaut à celle de l'Autriche, revendique 32 millions d'habitants (dont 22 millions dans la cité centrale) et un PIB de 56 milliards de dollars - les plus grandes entreprises mondiales, de Ford à Mitsubishi, y ayant investi. La médaille a son revers. Métropole sans harmonie où les immeubles se succèdent sans cohérence, Chongqinq paraît être la résultante d'un urbanisme effréné. Le contraste avec Shanghai, plus moderne, plus structurée, est saisissant.Précisément, conformément à la politique du « Go West » lancée il y a dix ans par le gouvernement chinois, le maire de Chongqing, Huang Qifan, veut faire de sa mégalopole « le moteur de la croissance de l'ouest de la Chine » et en porter le nombre d'habitants à 47 millions. « En 2020, un système urbain de 5 grandes villes, 25 villes de taille moyenne et 495 petites villes entoureront la mégalopole comme autant d'étoiles entourent la lune », promet même le centre d'exposition de Chongqing. Huang Qifan entend faire feu de tout bois et monter en puissance aussi bien dans la chimie, l'acier, l'électricité, l'automobile, l'agro-alimentaire, que l'informatique et les matériaux de construction. Il promet, entre autres, la construction de 10.000 kilomètres de routes, de voies express et de chemin de fer.urbanisation galopanteUne politique qui fait les affaires de Lafarge, le numéro un mondial du ciment. Car la Chine c'est un marché stratégique qui représente déjà la moitié de la consommation mondiale de ciment (1,4 milliard de tonnes en 2009) et dont le taux d'urbanisation pourrait atteindre 59 % en 2025 contre 48 % aujourd'hui. Quarante milliards de mètres carrés de surface de plancher pourraient être édifiés sur les quinze ans à venir, soit 5 millions d'immeubles (dont 50.000 gratte-ciel). Un marché sur lequel le cimentier français est un petit joueur. Il ne pointe qu'à la neuvième place, loin derrière les deux leaders chinois, CNBM et Anhui Conch. Son rival suisse Holcim semble même mieux positionné avec un partenaire chinois, Huaxin, revendiquant déjà 50 millions de tonnes de capacités. Holcim détient à ce jour 39,9 % de Huaxin mais pourrait monter à 80%. Pour sa part, Lafarge est majoritaire à 55 % dans sa coentreprise avec le chinois Shui On.50 millions de tonnes Au-delà, dans un marché très fragmenté avec plus de 4.000 cimentiers, une part de marché limitée est relative. En outre, Lafarge est bien implanté à l'ouest du pays, « la région la plus prometteuse », insiste Sang Kang, le patron de Lafarge Shui On Cement (LSOC). « Les quatre provinces où nous détenons 19 cimenteries - le Sichuan, Chongqing, Guizhou et le Yunnan - pèsent à elles seules, en volume, trois fois le marché américain et dix fois le marché français », assure Bruno Lafont, le PDG du groupe. Au demeurant, Lafarge, qui a défini en 2007 un plan visant à porter ses capacités de production à 50 millions de tonnes, monte en puissance : sur 2008-2010, LSOC aura investi près de 400 millions d'euros pour construire une troisième ligne de production dans la cimenterie de Dujiangyan (Sichuan), et deux nouvelles cimenteries à Yongchuan (Chongqing) et à Sancha (Guizhou), soit 6,9 millions de tonnes de nouvelles capacités. Mais les coûts du travail sont appelés à croître en Chine où les grèves pour de meilleurs salaires se multiplient (voir pages 6 et 7). Sur ce plan, Lafarge affirme verser à ses ouvriers entre 1.700 et 2.500 yuans par mois (206 à 303 euros), à comparer à un salaire minimum à Shenzhen de 1.100 yuans (133 euros).
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