La Fed remet le dollar sous haute pression

Ce n'est pas tant le contenu des minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine qui a pris les marchés à contre-pied que l'imminence des mesures de soutien supplémentaire envisagées qu'elles révèlent. Alors que le communiqué publié le 21 septembre, à l'issue du FOMC, le bras séculier de la banque centrale, se contentait de laisser entendre que la Fed était prête à agir « si nécessaire » pour soutenir la reprise en lançant un nouveau programme d'achat d'actifs financiers, les minutes indiquent que les « Sages » pourraient agir « sous peu », même si le conseil reste divisé. Sous peu ce serait donc dès le 3 novembre, date de l'issue d'une réunion de deux jours, qui débute le jour même des élections américaines de mi-mandat. Rien d'étonnant dans ces conditions que la tentative de rebond du dollar observée mardi ait capotée dès le lendemain. Evoquer l'imminence du recours à la planche à billet, c'est s'assurer de peser sur les cours de la monnaie qu'elle imprime. objectif d'inflationAprès avoir poussé une pointe jusqu'à 1,3775 pour un euro, le dollar a refranchi la barre de 1,40 pour la troisième fois depuis le début de la semaine dernière, se rapprochant du point bas de février qui ouvre la voie à une rechute au plancher du millésime atteint fin janvier juste au dessus de 1,45. Et là, la Fed se fait tout aussi manipulatrice que la Chine que les responsables américains ont dans le collimateur. Car le Fomc a aussi ressorti de ses tiroirs le vieux serpent de mer de l'adoption d'un objectif d'inflation, au moment où c'est le spectre de la déflation qui hante les esprits, évoquant même la fixation d'un objectif de croissance du PIB nominal. Car, quoi de plus simple pour créer de l'inflation que de laisser filer la monnaie qui renchérit les importations... Même si l'objectif direct d'un nouveau programme de rachats de titres de dette vise à faire remonter les anticipations d'inflation, ce qui «abaisserait les taux d'intérêt réels (ndlr:défalqués de cette même inflation) à court terme et stimulerait l'économie», peut-on lire dans les minutes. Si l'euro a servi à nouveau de principale variable d'ajustement à la baisse du dollar, c'est aussi parce que, pratiquement en même temps que la Fed publiait le procès-verbal de sa dernière réunion, le président de la Bundesbank lançait une harangue radicalement opposée. Axel Weber, également membre du directoire de la BCE et pressenti pour succéder à Jean-Claude Trichet, a agressivement plaidé pour un abandon rapide et définitif des rachats d'obligations souveraines de la zone euro par la banque centrale de Francfort, auxquels il a toujours été hostile, et pour une sortie rapide des autres mesures d'urgence prises pour revivifier le secteur bancaire. Il a même estimé que la BCE ne devait pas tarder à relever ses taux d'intérêt, ouvrant un boulevard aux acheteurs d'euros.
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