La Banque du Japon renforce sa lutte contre la déflation

On attendait de la Banque du Japon une réponse à la hauteur de la gravité du désastre subi par le pays. Elle l'a été. La banque centrale de Tokyo, qui avait averti dès vendredi que son conseil des gouverneurs, programmé sur deux jours, se déroulerait sur une seule journée, a procédé dès lundi à la plus importante injection de liquidités de son histoire. Pour tenter de donner de l'oxygène au système financier, elle a mis à la disposition des banques, en une seule journée, le montant inédit de 15.000 milliards de yens, soit quelque 183 milliards de dollars, au cours de change actuel.Parallèlement, 55 milliards de yens avaient été octroyés aux treize banques opérant dans la ville de Sendai dévastée par le tsunami, pour aider l'économie locale. L'institut d'émission nippon a aussi élargi son programme d'assouplissement quantitatif : 5.000 milliards de yens supplémentaires ont été alloués au renforcement du programme de rachats d'actifs, ainsi porté à 40.000 milliards de yens. Enfin, le gouverneur de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, a annoncé que de nouvelles mesures seraient prises si nécessaire, pour prévenir la perte de confiance des milieux financiers et industriels. Il s'agit d'empêcher tout effet déflationniste induit par le ralentissement attendu du rythme d'activité dans l'archipel, même si, à terme, les efforts de reconstruction contribueront à faire rebondir la croissance.La Banque du Japon n'avait guère d'autre choix que d'inonder le marché de liquidités. Depuis plus d'une décennie, elle s'est privée d'une arme, celle des taux, qu'à l'époque du dernier séisme comparable, celui de Kobe, elle avait mise à profit. Elle a dû se contenter lundi de reconduire son taux directeur dans la fourchette d'encadrement de 0 % à 0,1 % dans laquelle elle l'enserre depuis octobre 2010.Reste un problème épineux : celui de la vigueur du yen, qui a poussé une pointe lundi jusqu'à 80,60 dollars, à quelques fractions de son record de quinze ans de novembre dernier, lui-même proche du plafond absolu de 79,75 atteint en avril 1995, trois mois après la catastrophe de Kobe.Les rapatriements de capitaux qui ont déjà commencé risquent d'accélérer sa hausse, au grand dam des exportateurs nippons, appelés à être plus que jamais les éléments moteurs de la croissance. La Banque du Japon a déjà prévenu qu'elle se tenait prête à intervenir, bien que sa dernière incursion sur le marché des changes, le 15 septembre dernier, ait tourné au fiasco. Les acheteurs potentiels de yens pourraient néanmoins, cette fois, être plus frileux. Isabelle Croizard
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