Enseignement de l'économie : Chatel veut calmer le débat

Luc Chatel aurait-il la volonté d'apaiser le débat sur les programmes de sciences économiques et sociales (SES) ? Alors que la consultation en ligne des projets de programmes de la future classe de seconde s'est achevée vendredi, il est d'ores et déjà acquis que le ministère va amender ceux de SES. Pouvait-il en être autrement ? L'ouverture de la consultation fin janvier a de fait réactivé la polémique sur le contenu des enseignements de SES, jugés par le patronat « trop sociaux » et pas assez microéconomiques (« La Tribune » du 2 février). Or, malgré une composition plutôt large de la commission des programmes de SES, le projet a surpris par son orientation : exit les grandes thématiques tels le pouvoir d'achat ou l'emploi ; place aux outils tels l'« élasticit頻 ou le coût marginal... De quoi irriter l'Association des professeurs de SES (Apses), pourtant présente à la commission, et même provoquer la démission du sociologue François Dubet. Face à la virulence des réactions, le ministère devrait donc réintroduire formation, emploi, salaires et pouvoir d'achat...Au-delà de cet épisode, une question se pose : ce projet répond-il a de réelles intentions idéologiques ? Il faut dire que la formulation des programmes, « maladroite, entretient le soupçon », lâche Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT. Le directeur général de l'enseignement scolaire, Jean-Michel Blanquer, s'en est pourtant récemment défendu, soulignant son caractère « scientifique ». Mais de nombreuses voix au sein même de la commission des programmes de SES pointent sa complexité pour des jeunes de 15 ans. « On aurait peut-être gagné à ne pas imaginer qu'ils soient destinés à devenir économistes ou sociologues », estime François Dubet qui souligne les difficultés des concepteurs à prendre en compte les besoins des élèves. « On raisonne toujours sur la base de programmes parfaits, or 70 % des élèves n'aborderont l'économie qu'une fois dans leur vie », poursuit le sociologue qui aurait préféré que le ministère prenne plus de temps pour « réfléchir à l'ensemble du cursus ».« liberté de l'enseignant »De son côté, Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique, se veut pragmatique. « La consultation a permis d'expliciter des thématiques peu claires. Mais ces dernières laissent une marge d'interprétation. » D'ailleurs, ce qui importe c'est la « liberté de l'enseignant », insiste Philippe Martin, professeur à Sciences po. à eux de choisir les exemples concrets à même d'illustrer les concepts économiques. « Il s'agit avant tout de donner d es outils aux élèves afin qu'ils comprennent ce qui se passe autour d'eux », résume Christian de Boissieu. Et dans cette optique, « quand on évoque les revenus et leur influence sur la consommation des ménages, cela revient à parler de pouvoir d'achat ! », reprend Philippe Martin qui estime que l'élasticité et le principe d'offre et de demande restent des concepts clés. Tout l'art des enseignants consistant à les vulgariser.
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