Le Costa Rica a renoncé à toute activité d'exploration et d'...

Le Costa Rica a renoncé à toute activité d'exploration et d'exploitation pétrolière?»Recueilli par Lysiane J. BauduEn tant que nouvelle présidente du Costa Rica, vous vous êtes engagée à faire de votre pays la première nation «?neutre?» du point de vue des émissions de CO2, pouvez-vous détailler les mesures prises pour ce faire??Notre stratégie, pour atteindre cet objectif, s'appuie d'abord sur le calcul des émissions et les mécanismes de réduction. Dans tous les secteurs de production, nous cherchons le potentiel de réduction et nous mettons au point des mécanismes de compensation des émissions. Ensuite, nous poursuivons une politique déjà lancée consistant à rémunérer des services environnementaux, telle que la reforestation. Ces projets seront par ailleurs étendus à des espèces de bois rares et natives de la région. N'oubliez pas que le Costa Rica est l'un des pays au monde qui possède la plus grande couverture forestière, le plus grand nombre d'arbres au kilomètre carré et par habitant. S'il en est ainsi, c'est parce que notre pays a opté pour une stratégie de développement durable dès les années 1960, quand il a décidé de laisser un quart de son territoire à la forêt et de la protéger. Aujourd'hui, la proportion est de l'ordre de 30?%. Par ailleurs, nous participons activement à différentes initiatives internationales en matière de protection de l'environnement et nous avons signé plusieurs protocoles en ce sens. Nous sommes un petit pays, mais nous continuerons d'insister pour que notre exemple soit imité par d'autres...Le pays a-t-il l'intention d'interdire toute activité d'extraction minière??Nous avons décidé de ne soutenir aucune activité d'extraction qui aurait un impact négatif sur l'environnement. C'est pour cela que nous avons interdit, par décret, l'exploration et l'exploitation de mines à ciel ouvert et que nous avons également renoncé à toute activité d'exploration et d'exploitation pétrolière. Cette décision demande un sacrifice lourd pour le pays d'un point de vue économique, mais l'avantage, en matière de développement durable, est immense. Et cela va dans le même sens que nos autres stratégies, en faveur d'un développement économique propre, fondé sur les énergies renouvelables et le tourisme vert. De plus, il faut noter que notre pays est très exposé aux phénomènes climatiques. Une bonne couverture forestière tend à limiter l'impact du changement climatique. D'ailleurs, grâce à sa politique environnementale, le Costa Rica est le moins vulnérable de toute l'Amérique centrale.Une politique en faveur de l'environnement doit aussi s'appuyer sur la population. Comment faites-vous pour faire évoluer les mentalités??La société civile costaricaine a été très active dans ses efforts de sensibilisation auprès de la population. En outre, des initiatives, comme le paiement de services environnementaux, vont non seulement dans le sens de nos objectifs de protection environnementale nationale, mais en plus, elles ont apporté des réponses économiques, dans le secteur de l'agriculture et de la sylviculture. Les petits producteurs «?cultivent?» maintenant les arbres au bénéfice de toute la population grâce à ce système*. Le secteur touristique a beaucoup progressé ces dix dernières années. Un grand nombre de touristes qui visitent notre pays le font grâce à l'attrait que représentent nos parcs nationaux. Grâce à ses efforts de conservation du territoire, le Costa Rica est une puissance de l'écotourisme au niveau mondial. Le résultat de tout cela, c'est que les Costaricains sont conscients du fait que la protection de l'environnement est une bonne affaire pour les générations actuelles et à venir. D'autant qu'ils en profitent tous les jours?: non seulement ils peuvent visiter nos admirables parcs naturels, mais en plus, ils bénéficient du tourisme et des ressources hydriques générées par les zones protégées, de même qu'ils peuvent avoir accès à des crédits pour fonder des petites et moyennes entreprises dans le secteur du tourisme vert, et enfin, avoir accès à des emplois liés au développement de la recherche sur la biodiversité, entre autres.Si le Costa Rica est un exemple sous bien des aspects, en particulier économique, reste la situation des femmes... Dès son indépendance, le pays a compris l'importance d'un développement économique équilibré, qui met le capital humain au centre de ses préoccupations. C'est ainsi que nous avons consolidé notre démocratie, la plus ancienne et la plus stable de la région. Aujourd'hui, nous affichons des indices de développement humain parmi les plus élevés au monde. Plusieurs décisions nous ont permis d'atteindre ces objectifs?: cela va de la création d'un système éducatif gratuit et universel, dès 1870, à l'abolition de la peine de mort en 1877 et de celle de l'armée en 1949, en passant par la promotion d'un système de santé universelle, établi dans les années 1940-1950. Sans oublier, évidemment, la protection environnementale, décidée dès les années 1960. Et j'ai l'ambition, en tant que première femme à la tête de ce pays, de poursuivre sur cette lancée pour faire du Costa Rica l'une des nations les plus développées d'Amérique latine, sans sacrifier la solidarité sociale et la soutenabilité environnementale, qui ont caractérisé notre développement jusqu'ici. à cela s'ajoutent des politiques en faveur de l'égalité des sexes, lancées déjà depuis plusieurs décennies. Grâce à cela, au Congrès siègent 40?% de femmes, et 20?% sont à la Cour suprême de justice. De plus, les principaux postes des institutions publiques sont occupés par des femmes. Cependant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. En matière d'emploi, par exemple, les femmes sont davantage touchées par le chômage et le sous-emploi que les hommes et à travail égal, les femmes sont aussi moins payées que les hommes. En outre, les foyers pauvres ayant pour chef de famille une femme sont trop nombreux, de même que la violence domestique contre elles, trop prévalente. C'est pour ces raisons, et en tant que femme et que présidente, que je suis particulièrement engagée dans la lutte pour l'égalité des femmes. Nous avons défini trois priorités?: améliorer l'application du droit du travail pour les femmes, la mise en place d'un système national de garde d'enfants pour les femmes qui travaillent et, enfin, lutter sans merci contre la violence domestique. * L'État - ou une entreprise productrice de boissons, par exemple - rémunère les agriculteurs qui s'occupent des forêts, des lacs, des rivières ou des sources d'eau potable à l'année.Présidente de la République du Costa RicaLaura Chinchill
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