L'exigence de la croissance

Il ne pouvait pas y avoir de meilleur casting. C'est bien sûr un effet des seules circonstances, mais les trois parcours qui vont s'affronter ce soir à l'occasion des BFM Awards (nos oscars annuels) racontent finalement tous les défis de nos grandes entreprises. Ainsi, du gérant d'Hermès, Patrick Thomas. J'entends déjà le léger dédain des « entrepreneurs » : « Oui, c'est un bon manager, mais il n'a rien créé. » Je voudrais les convaincre que ce discours est dangereux. Les convaincre qu'il faut accorder notre plus grand respect à ces Managers, leur mettre une majuscule. La falaise démographique et le départ à la retraite des générations de l'après-guerre vont toucher de plein fouet les entreprises. C'est presque un enjeu national que de valoriser ceux qui auront la force de s'inscrire dans une trajectoire que d'autres ont initiée. Où a-t-on vu qu'il était compliqué de naître et simple de grandir ?Cela nous amène à Dassault Systèmesave;mes. Parce que toute la question est bien de savoir jusqu'où l'entreprise pourra grandir. Voilà un domaine, les logiciels, où nous n'avons pas su créer de géants. Le plus beau potentiel s'appelait Business Objects, il ne s'est pas senti la force de dépasser seul le milliard de dollars de chiffre d'affaires et s'est vendu au géant allemand SAP. La situation de Dassault Systèmesave;mes est évidemment différente du fait de la présence d'un actionnaire industriel, à qui le développement ne fait pas peur. J'écris ça, mais je n'en sais rien. Il est bien là le défi de Bernard Charlès, et là encore vous comprenez évidemment que c'est un défi national. La semaine dernière, le patron de la société Talend a levé plus de 35 millions de dollars. Il est français, ses associés sont français, beaucoup de ses ingénieurs travaillent en France (dans le domaine du logiciel libre), il est pourtant installé en Californie et c'est là qu'il a trouvé l'argent nécessaire à son développement. Dans tous les secteurs, on trouve un géant national, sauf dans celui qui portera sans doute l'essentiel de notre avenir. Je ne voudrais pas vous charger d'un poids trop lourd, M. Charlès, mais Bon Dieu, ne lâchez rien !Que s'est-il passé dans la tête de Maurice Lévy ? 2006, Publicis quitte le CAC 40 et l'entreprise semble fragile. Maurice Lévy va avoir 65 ans, tout le pousse à partir. Il fait pourtant le choix fondamental d'investir massivement dans le digital alors que ses concurrents s'interrogent encore. Tout à coup, c'est un Publicis radicalement nouveau qui devient quatre ans plus tard le numéro trois mondial de la publicité. Là encore, l'âge du capitaine est un thème à ce point récurrent qu'il en devient lassant. Maurice Lévy nous a simplement démontré que la vie est plus longue qu'on ne croit. Des trois enjeux qu'on vient de décrire, c'est pour moi le plus important.Par Stéphane Soumier, animateur de « Good Morning Business » sur BFM Radio
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