La pauvreté s'enkyste au coeur de la société nippone

C'est officiel, le taux de pauvreté au Japon, deuxième économie du monde, se situe à 15,7 %. Ce pourcentage, qui représente la partie de la population dont les ressources sont inférieures à la moitié du revenu médian nippon, avait été avancé par l'OCDE dans un rapport de... 2006. Mais il vient seulement d'être reconnu par le ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être. L'archipel est gouverné depuis septembre 2009 par le Parti démocrate à la fibre plus sociale que son prédécesseur (PLD). Et le Premier ministre actuel, Yukio Hatoyama, a remporté les dernières élections en promettant la réduction des inégalités, davantage de transferts sociaux et la relance du marché intérieur.les salaires comprimés« La phase de décrochage de certaines couches de population se situe entre 1985 et la fin des années 1990, sur fond de politique de dérégulation, d'éclatement de la bulle financière et de marasme économique », rappelle Evelyne Dourille-Feer, économiste au CEPII. Le pacte social nippon, fondé sur l'idée de « grande famille » et de recherche d'égalité, est ébranlé. « Entre 2002 et 2007, avec la reprise économique, le niveau des inégalités s'atténue un peu », poursuit cette économiste. Mais au même moment, le Japon recherche à restaurer sa compétitivité. Les salaires sont comprimés et la précarité au travail explose. « Elle représente un tiers de la population active », souligne Evelyne Dourille-Feer. Le salaire horaire d'un travailleur précaire est inférieur de 40 % à celui d'un actif protégé. En 2004, le taux de pauvreté atteint 14,9 % alors qu'« au Japon, le système de sécurité sociale est décentralisé et ne fonctionne pas bien », explique Sébastien Lechevallier, à l'EHESS.Face à l'appauvrissement de la population, Hatoyama a annoncé une série de mesures qui ciblent les catégories les plus vulnérables. L'intérim pourrait être encadré voire interdit, et un salaire minimum pourrait être fixé pour les intérimaires. Pour les seniors, une retraite minimum pourrait être instaurée. Les allocations familiales pourraient être relevées et les lycées publics pourraient devenir gratuits. Laurent Chemineau
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