Soubresauts spéculatifs sur le café

Un mouvement de panique a touché le marché du café ces derniers jours. En trois séances, l'échéance de juillet du robusta coté sur le Liffe à Londres a bondi de 20 %. Il était quasi stable hier, à 1582 dollars la tonne hier. La qualité de café principalement utilisée pour faire du café instantané n'a pas été la seule touchée. A New-York, sur l'Intercontinental Exchange, le mouvement s'est propagé à l'arabica qui a touché un plus-haut sur deux ans hier, bondissant de 4,3 % à 1,5815 dollars la livre. Des mouvements erratiques qui s'expliquent par la présence croissante de fonds spéculatifs sur ce marché. Et de fait, le marché vient d'être victime d'un « squeeze » : alors que l'offre était rare sur le marché physique, un acteur important en aurait ramassé l'essentiel pour l'échéances de juillet. Les autres acteurs ont donc été obligés de surenchérir pour s'assurer d'obtenir la marchandise. Ou de racheter leurs positions, s'ils détenaient des positions vendeuses sans pouvoir les honorer. Ce qui est le cas des hedge funds, qui semblent donc signer ce nouveau soubresaut spéculatif. Ironiquement, la FSA (Finance Service Authority) avait justement alerté, la semaine dernière, les intervenants lors d'une décision concernant une manipulation sur le marché en 2007. L'autorité de régulation britannique estimait que la petite taille du marché londonien l'exposait aux manipulations.Mais la rareté de l'offre sur le marché physique est un fait nouveau. Plutôt abondante jusqu'alors, l'offre de café semble rétrécir ces derniers temps. Les stocks officiels du Liffe sont passés de 400.000 tonnes il y a un an à 230.000 tonnes actuellement, alors que les livraisons de café en provenance du Viet Nam tardent à arriver. Le niveau des exportations du pays asiatique sont inférieures de 20,5 % à l'année dernière. La récolte du pays, qui est le second producteur mondial, souffre d'un manque d'eau. La mousson est en effet parcimonieuse dans le pays, ce qui pénalise les cerises de café.Et selon un expert, un autre type de spéculation serait responsable de cette envolée des cours. En Amérique latine, des intermédiaires achèteraient directement les récoltes, à un prix supérieur à celui du marché à terme, attendant que les cours montent sur les places de marché. Une hypothèse risquée, puisque la majorité des analystes attendent une récolte record au Brésil, premier producteur mondial. Les cafféiers brésiliens entrent dans un cycle de fort rendement, et ont de surcroît bénéficié d'El Nino cet hiver. Sauf nouvel aléa, l'arrivée des sacs de café brésilien devrait inverser la tendance.
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