Eiffage et Sanef mettent en service l'autoroute de Gascogne

L'autoroute A65 Langon-Pau, mise en service ce jeudi par la major du BTP Eiffage et le concessionnaire autoroutier Sanef, pourrait marquer une rupture. Ce ruban de 150 kilomètres, qui met la deuxième ville d'Aquitaine à deux heures de Bordeaux, pourrait être une des dernières grandes autoroutes édifiées en France. Le Grenelle est censé donner la primeur au transport ferroviaire.Les nouveaux projets autoroutiers portent avant tout sur des distances réduites (comme l'A150 Rouen-Yvetot en Seine-Maritime sur 18 km), des élargissements (comme celui de l'A63 entre Salles en Gironde et Saint-Geours-de-Maremne dans les Landes) ou des contournements. La compétition entre Bouygues, Eiffage et Vinci, se joue sur les futures lignes TGV. « Cela fait des années qu'on nous dit que ce sera la dernière autoroute ! Et on privilégie les contournements routiers au lieu de mettre en place des transports collectifs », rétorque Michel Dubromel de France Nature Environnement. D'autres associations objectent que le Schéma national des infrastructures de transport (Snit) prévoirait 900 kms de nouvelles autoroutes. Décriée pour ses tarifsL'A65, qui a coûté 1,25 milliard d'euros financés quasiment sans subventions publiques, est en tout cas déjà décriée en raison de ses tarifs (19,70 euros pour les automobilistes, 59,10 euros pour les poids lourds). Les routiers béarnais craignent de ne pouvoir répercuter le coût du péage. Eiffage et Sanef se sont vu concéder sur cinquante six ans (hors travaux) l'exploitation de l'infrastructure, dont les retombées pour l'économie locale ont été estimées à 120 millions d'euros par an. Les partenaires sont associés à 65 % et 35 % dans la société Aliénor, qui a levé 980 millions de dette et apporté 260 millions de fonds propres.L'A65 se veut aussi innovante par sa conception, Eiffage ayant cherché à limiter les conséquences négatives du chantier : 150 millions ont été investis pour préserver la faune et la flore sachant que l'A65 a requis 17,5 millions de m3 de terrassement, 1,5 million de tonnes d'enrobés et l'édification de 162 ouvrages dont 15 viaducs. « Nous avons identifié neuf espèces particulièrement menacées, prévu de nombreux passages pour animaux, adapté le tracé, préservé le lit mineur des cours d'eau », note le président d'Aliénor, Olivier de Guinaumont. Comme l'emprise de l'A65 atteint 1.600 hectares, Eiffage en a sécurisé en compensation 1.400, gérés par CDC Biodiversité. « Nous allons reconstituer des habitats favorables à des espèces animales et végétales, précise le président de CDC Biodiversité, Laurent Piermont. L'A65 sera bien moins accidentogène que la RN 10. En revanche, elle ne permet pas de préserver la biodiversité. Mais une compensation bien faite peut permettre de parvenir au final à un bilan écologique positif. »
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