L'euro a connu sa semaine la plus faste depuis près de deux ans

L'euro se sent pousser des ailes. Dès que les mots « inflation » et « état d'alerte » ont été prononcés jeudi par Jean-Claude Trichet, les acteurs du marché des changes, sans même y regarder à deux fois, ont déclenché le plus fort courant acheteur d'euros contre dollar depuis un an et demi. Avec un souvenir en tête : ce fameux 3 juillet 2008 où, en pleine crise des subprimes et un mois et demi avant la faillite de Lehman Brothers, la Banque centrale européenne (BCE) avait pris le monde à contre-pied en relevant son taux directeur de 4 % à 4,25 % au nom du même risque inflationniste, créé par la même flambée des matières premières. D'un vendredi sur l'autre, la monnaie unique est repassée de 1,2865 à 1,3455 dollar au plus haut dans les transactions de la veille du week-end, soit un regain de vigueur de 4,5 %. Il se retrouve ainsi à son plus haut cours depuis un mois face au billet vert.Coopération renforcéeLa grande majorité des économistes avaient rayé l'hypothèse d'une hausse des taux de la BCE de leurs scénarios 2011. Ils ont été forcés de la réintégrer, après la mise en garde lancée par le président de la BCE. Bien qu'estimant que le niveau des taux est « encore approprié » dans la zone euro, Trichet n'a pas caché que si les tensions inflationnistes, actuellement phénomènes de « court terme », mettaient en péril l'objectif de stabilité des prix « à moyen terme », le niveau de 1 % sur lequel campe le taux directeur de la BCE ne le serait plus. La probabilité reste cependant très faible que la BCE cède à cette pulsion. Car même si l'inflation totale a atteint 2,2 % en décembre, défalquée des éléments volatils, que sont les produits énergétiques et alimentaires, elle retombe à 1 %, dans un contexte où le chômage dépasse 10 % et où les programmes d'austérité qui se mettent en place vont brider la croissance. En outre, une hausse supplémentaire de l'euro, que ne manqueraient pas de provoquer des anticipations renforcées de durcissement monétaire, affecterait négativement la confiance des milieux d'affaires et aggraverait les problèmes de financement des pays en détresse de la zone euro, qui ont passé avec succès l'épreuve de leurs premiers appels aux marchés de l'année la semaine dernière.Il n'empêche que si les tensions sur les dettes souveraines de la zone euro s'amortissent, à la faveur d'une coopération renforcée des pays membres, les pressions dont l'euro a été récemment l'objet vont elles aussi s'atténuer. Le fort recul du franc suisse, qui faisait office de valeur refuge par excellence, en est un signe prémonitoire.
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