Stress : prévenir plutôt que guérir

Le 1er février, les entreprises de plus de 1.000 salariés ont dû remettre au ministère du Travail leurs bonnes pratiques en matière de gestion du stress. Deux tiers ont décidé de jouer le jeu. Les 500 qui ont renoncé seront placées dans la catégorie « rouge » aux côtés de celles qui n'ont pas eu le temps ou celles qui avouent ne rien faire. Tous les noms figureront ces jours-ci sur Internet. Sanction par l'image donc, en a décidé le ministre Xavier Darcos, laissant à la pression médiatique le soin de pousser les entreprises à prendre mieux soin de leurs salariés. Aux états-Unis, on appelle cela le « name and shame ». Si s'attaquer à la pandémie du stress professionnel est évidemment une bonne chose, la méthode, elle, court le risque de produire l'effet inverse. D'abord pour l'individu. Montrer du doigt les entreprises où la tension est forte, c'est fragiliser les salariés qui y travaillent. J'imagine déjà les dîners de copains : « Ah, tu travailles chez Untel ? Pas de chance ! Ta boîte est la lanterne rouge du classement. Tu tiens encore le coup ? Ce n'est pas trop dur ? » Et la tablée de se métamorphoser en cellule psychologique d'urgence pour soulager le stressé. C'est donc reparti pour un tour : un salarié victime et une entreprise bourreau. Est-ce réellement aider les individus ? J'en doute. Quant à partir du postulat que le stress est là, à tous les étages, comme un mal nécessaire qu'il s'agit de gérer, c'est chercher un remède à l'épidémie au lieu de trouver le vaccin. Mieux vaudrait repenser l'organisation pour en annuler les causes en amont. Pas seulement demander aux managers d'être à l'écoute et compréhensifs à l'égard de leurs salariés, mais aussi travailler sur les conditions de travail. Favoriser les prises de conscience de l'encadrement pour repérer qui, dans le service, a la charge de travail la plus dure, qui croule sous les réclamations clients, qui doit faire face à une chaîne logistique en ébullition. Donner de la visibilité... donc au final du confort de travail... et pas de stress. Philippe Douillet, chargé de mission au département Santé et Travail de l'Anact, le dit lui-même : « Il faut éviter de traiter des risques psychosociaux par des solutions psychosociales. L'anxiété ou le stress au travail ne doivent pas être réglés par une augmentation du nombre de psychologues sur le lieu de travail. Le risque psychosocial doit être perçu de manière globale. Il ne suffit pas de panser les plaies, mais bien de repenser l'organisation de l'entreprise. » Plus que de gérer le stress, il s'agit de ne pas le générer. À quand un classement des entreprises non productives de stress ? nLe but d'un chef doit être moins de montrer du courage que d'en inspirer », Paul-Louis Courier.
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