Le rebond des prix en février grignote le pouvoir d'achat

Il y a deux manières de lire la forte hausse des prix à la consommation au mois de février, annoncée hier par l'Insee. La dérive sensible de l'indice (+ 0,6 % par rapport à janvier) peut être attribuée à de seuls facteurs techniques. En effet, elle tient pour beaucoup à l'habillement (+ 5,8 %), une hausse liée directement à la fin des soldes (celles-ci se sont terminées plus tôt que prévu). En outre, les statisticiens ont relevé l'impact de certains services, liés aux vacances scolaires. En conséquence, ce « mauvais » indice ne devrait pas donner lieu à beaucoup de commentaires. Et serait suivi d'une inflexion, à la baisse, en mars. On peut, malgré tout, avoir une autre lecture de l'augmentation exceptionnelle des prix. C'est celle d'Alexander Law, économiste chez Xerfi. Pour lui, « petit à petit, l'inflation regagne du terrain en France ». Certes, « il ne s'agit pas de niveaux mirobolants, mais cette évolution doit être considérée à sa juste valeur : en cette période où le chômage augmente et où les revalorisations salariales sont réduites à leur plus simple expression, toute hausse des prix retire immédiatement du pouvoir d'achat aux ménages », souligne-t-il. C'est le problème actuel : si, en temps normal, une hausse des prix donne, in fine, lieu à revalorisation salariale, il n'en est rien aujourd'hui, en raison de la situation du marché de l'emploi. répercussions politiquesOutre le mécontentement des salariés, qui s'est traduit dimanche dans les urnes, cette perte de pouvoir d'achat va entraîner mécaniquement une moindre progression de la consommation, qui soutiendra donc moins la croissance. Dans quelle proportion ? Tout dépendra du niveau de l'épargne. En tout cas, alors que l'année 2009 avait été marquée par une hausse importante du pouvoir d'achat des ménages (+ 2,2 %), paradoxale dans le contexte d'une année de récession et liée à la désinflation, le mouvement inverse se dessine en 2010. Avec des répercussions politiques non négligeables, d'autant que le gouvernement cale l'augmentation de prestations sociales sur des indices plus anciens. Ainsi, les retraites ne seraient revalorisées que de 0,9 % en avril.Si elle se confirme en mars, la hausse des prix sur un an (1,3 % en février) devrait entraîner une revalorisation de la rémunération du livret A (voir page 23). I.B. avec AFP
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