Incertitudes sur l'avenir de Poweo

Combien de temps Poweo va-t-il encore continuer à vendre, à perte, de l'électricité aux particuliers et aux professionnels français ? C'est une question que ne va pas manquer de se poser à nouveau son actionnaire de réference, l'électricien autrichien Verbund. Au premier semestre 2010, Poweo affiche une perte nette de 26,2 millions d'euros contre 12,8 millions un an avant. Avec une perte d'exploitation de 21,1 millions d'euros sur les six premiers mois de 2010 (incluant des provisions et dépréciations de 17,8 millions d'euros), ce sont au total 150 millions d'euros que le fournisseur alternatif aura perdu par son activité depuis sa création en 2005. Une fois encore, jeudi, en annonçant ces résultats, le directeur général du groupe Loïc Caperan a affiché sa confiance dans un retour prochain à la rentabilité... ou au moins à « une viabilisation progressive » de l'activité de vente d'électricité en France, grâce à la nouvelle loi de modernisation de l'électricité (Nome) en cours d'examen par le Parlement. Sans masquer que le temps presse. Cette loi, qui obligera EDF à vendre à ses concurrents de l'électricité à un prix proche de son coût de revient, « a déjà près de deux ans de retard », soupire Loïc Caperan. Or, « chaque mois, nous perdons 3 millions d'euros sur cette activit頻, souligne-t-il.Curieusement optimiste, Loïc Caperan s'affiche satisfait par la future loi Nome, quel que soit le niveau de prix auquel EDF, ses concurrents et le gouvernement aboutiront pour l'électricité que l'opérateur historique devra céder. « Nous demandons 35 euros le mégawattheure (MWh) mais à 38 euros comme suggéré par la CRE ou même 42 euros comme le propose EDF, nous considérons que le marché français sera enfin ouvert à la concurrence », déclare-t-il. Mais, si le prix tend vers 42 euros, Poweo demandera, par exemple, le droit d'acheter davantage de cet électricité bon marché par client.Rumeurs de fusionEn mars, le président du directoire de Verbund, Wolfgang Anzengruber, lassé par ces contre-temps, avait exprimé son agacement en menaçant de « céder sa clientèle de particuliers ». Depuis, les spéculations vont bon train. L'hypothèse d'une fusion avec son concurrent Direct Energie, qui avoue, lui, avoir perdu 90 millions d'euros depuis 2003, a été relancée. D'autant que Stéphane Courbit, l'un des actionnaires de Direct Energie, s'impatiente lui aussi, dit-on. Les deux concurrents, qui ont déjà ces dernières années étudié cette piste, pourraient être tentés au moins de rapprocher leurs activités de fourniture d'énergie. Ce qui permettrait à Poweo de se recentrer sur la production d'électricité, plus lucrative.Au premier semestre, le chiffre d'affaires « production » a été multiplié par 19, à 95,1 millions d'euros grâce à la centrale à cycle combiné au gaz naturel (412 MW) qu'il a démarrée en septembre 2009 à Pont-sur-Sambre. Surtout, cette branche a dégagé à elle seule un excédent brut d'exploitation de 22,5 millions d'euros sur les 19,7 affichés au total par Poweo. Le groupe vient de prendre en juillet la décision définitive d'investir 400 millions d'euros dans une deuxième centrale de ce type à Toul en tablant sur une mise en service début 2013. Marie-Caroline Lopez
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