Séguin dénonce la méthode actuelle de réduction des effectifs

fonctionnairesEncore une fois Philippe Séguin se plaît à jouer la mouche du coche. Le premier président de la Cour des comptes n'a pas hésité mercredi à critiquer l'un des piliers du quinquennat, à savoir le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Lors de la présentation d'un rapport réalisant un état des lieux des effectifs de l'État entre 1980 et 2008, Philippe Séguin a estimé que cette règle ? qui aboutira en 2010 à la suppression de 34.000 postes dans la fonction publique d'État ? est une prime « aux mauvais élèves ». Pour lui cette méthode, qui résulte d'une « démarche purement quantitative », profite surtout aux « administrations pléthoriques et sous-productives » qui ont donc moins de mal que les autres à tailler dans leurs effectifs. D'autre part, Philippe Séguin n'hésite pas à douter de l'idée selon laquelle la réduction des déficits publics passe par l'application de cette règle du un sur deux. La pyramide des âges de la fonction publique étant ce qu'elle est, explique-t-on à la Cour des comptes, le nombre de départs à la retraite est aujourd'hui à son maximum avec 70.000 à 80.000 départs annuels. Mais, dès 2013, la courbe va fortement s'infléchir puisqu'on ne devrait alors plus enregistrer que 10.000 départs par an, ce qui reviendrait à 5.000 suppressions de postes seulement. Rappelons que la fonction publique d'État c'est, aujourd'hui, 2,5 millions de personnes, quand les trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière) totalisaient début 2008 5,3 millions d'agents, soit un peu plus de 20 % de l'emploi total en France. La Cour des comptes évalue même à 7 millions le nombre de personnes contribuant à des missions de service public en ajoutant aux fonctionnaires les salariés des entreprises publiques et les personnels de l'enseignement privé rémunérés par l'État. Manque de visionSi l'on s'en tient strictement à la fonction publique, depuis 1980, les effectifs ont progressé de 36 %, un rythme deux fois supérieur à celui de l'emploi total. Cette progression masque des disparités puisque la hausse est de 71 % dans les collectivités locales, de 54 % dans les hôpitaux et de 14 % au sein de l'État. Mais contrairement à de récentes déclarations de François Fillon, la Cour des comptes se refuse à opposer un État vertueux à des collectivités laxistes. Et ce, parce que « c'est bien l'État qui définit les missions des administrations publiques, et qui répartit les compétences entre elles. Fixant ainsi les règles du jeu, il est responsable [?] du déroulement de la partie », explique Philippe Séguin. En fait, derrière les chiffres, ce que regrette la Cour des comptes, c'est l'incapacité de l'État à développer « une vision stratégique de l'emploi public ». Anne Eveno
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