Piètres perspectives 2010 pour les constructeurs automobiles

L'apocalypse n'a finalement pas eu lieu en 2009. Malgré la plus grave crise de l'histoire de l'automobile, les constructeurs européens sont parvenus à limiter la casse l'an dernier. Les derniers chiffres de l'ACEA publiés vendredi (lire page 18) sont là pour en témoigner. Reste que ce miracle tient à la volonté des gouvernements de placer le marché sous assistance médicalisée via des perfusions de primes en tous genres. De fait, comme pour les marchés financiers bénéficiant des politiques accommodantes des banques centrales, celui de l'automobile est promis cette année à un retour à la réalité un peu brutale.situation tendueUn état de fait que semble ignorer la Bourse en ce début d'année. À Paris, comme l'an dernier, Renault (+ 6,6?%) et Peugeot (+ 8,6??%) s'inscrivent encore parmi les plus fortes progressions de ce début d'année, tandis que Michelin tient le haut du pavé de l'indice parisien (+ 12 %). Et pourtant, comme le souligne Standard and Poor's dans sa dernière étude sur le secteur, la faible demande sur le marché ne devrait pas donner lieu à un rapide redressement financier des constructeurs. L'abandon progressif des primes dans les mois à venir, les incertitudes sur la vigueur de la reprise et ses conséquences sur l'emploi laissent penser que les ventes devraient effectivement reculer de 10 % cette année en Europe. Selon une récente étude de KPMG réalisée auprès de 200 dirigeants des principaux constructeurs et équipementiers mondiaux, seul un quart d'entre eux s'attendent à une hausse de leurs profits. À l'inverse 40 % anticipent une stabilité, et 33 %, un déclin.Au-delà de cette toile de fond, le pire pourrait bien arriver avec une guerre des prix entre constructeurs, comme l'a laissé entendre jeudi Jérôme Stoll, le directeur commercial de Renault. « Avec un marché en surcapacité, qui ne devrait bientôt plus bénéficier de primes incitatives, et, par ailleurs, un pouvoir d'achat en baisse, la pression sur les prix est inévitable en 2010 », confirme Laurent des Places, associé KPMG, spécialiste du secteur automobile. Et d'ajouter que « l'un des enjeux pour les constructeurs cette année sera de se différencier, soit par l'arrivée de nouveaux modèles, soit sur les prix. Dans un cas comme dans un autre, cela devrait peser sur leur rentabilit頻.La situation est d'autant plus tendue que le secteur négocie aussi un virage et doit opérer des choix stratégiques pour la décennie. « L'année 2010 sera aussi celle des choix d'investissement à plus long terme », présage Laurent des Places. Un facteur supplémentaire qui devrait peser également sur le bilan des constructeurs. À moins que, comme ils ont commencé de le faire en 2009, ils privilégient la voix des rapprochements industriels et capitalistiques afin de mutualiser les coûts. Après Fiat et Chrysler, Volkswagen et Suzuki, Peugeot et Mitsubishi, Daimler et Renault ont récemment annoncé des pourparlers, notamment en matière de véhicules électriques et de petites voitures. Gaël Vautrin
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