Le resserrement de vis que le régulateur américain souhaite imprimer au marché des matières premières ne sera pas trop violent. La CFTC (Commodity Futures Trading Commission) a publié hier ses propositions, 18 mois après que le pétrole avait touché un pic aberrant de 147 dollars. Elle souhaite limiter la concentration des positions sur l'essence, le fioul, le pétrole brut et le gaz naturel, en leur imposant de ne pas détenir plus de 10% des positions ouvertes par type de contrat, et sur une année. Une situation relativement rare, si l'on en croit ce qui s'est passé ces deux dernières années. Pour le pétrole brut, la limite représenterait une position de 8 milliards de dollars aux cours actuels, et correspond à plus d'un jour de consommation totale de la planète, soit un peu plus de 100 millions de barils. Des montants qui n'ont été franchis que 2 fois en deux ans pour le brut, et 23 fois si l'on considère toutes les énergies. De plus, de nombreux intervenants bénéficient d'exemptions de limites, à l'instar des industriels et des principales banques sur les matières premières : ils pourront donc franchir les limites en question sans être inquiétés. Seulement 7 intervenants auraient donc été restreints dans leurs opérations sur les deux dernières années si cette règle avait été appliquée, un chiffre ridicule si l'on considère les milliers d'ordres passés chaque jour sur les marchés à terme de l'énergie. La CFTC a de son côté reconnu que ces nouvelles limites n'affecterait qu'une dizaine d'intervenants. Même les deux fonds adossés à des matières premières les plus importants sur l'énergie, l'US Oil, et l'US Nat Gas, n'ont que peu réagi aux nouvelles règles.Le CME et l'ICE, les deux principaux marchés proposant des contrats à terme sur l'énergie, qui craignaient que des règles trop contraignantes ne les pénalise, n'ont pas réagi après les propositions modérées de la CFTC. Les deux opérateurs craignaient qu'un durcissement trop draconien des règles n'incite les traders à se reporter sur des opérations «Over-the-counter», ou de gré à gré, afin d'éviter d'avoir à divulguer le montant de leurs positions sur tel ou tel marché.La CFTC a par ailleurs déclaré qu'elle allait s'intéresser au marché des métaux, ainsi qu'au café, lors d'un comité qui se tiendra en mars, et plus précisément à l'or et et à l'argent, ce qui a dopé les cours de l'or vendredi. Anticipant un durcissement des règles, les traders d'or pourraient augmenter leurs achats d'ici le printemps, afin de contourner d'éventuelles futures limitations de positions. Aline Robert

latribune.fr

17 Jan 2010, 23:48

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