Lutte anti-corruption : seule une entreprise sur deux joue le jeu

Ikea qui licencie deux de ses cadres en Russie pour des pots-de-vin, British Aerospace (BAE) qui paye 450 millions de dollars pour mettre un terme à des poursuites dans le cadre de contrats d'armement avec l'Arabie Saoudite, Siemens qui attaque son ancien directeur financier accusé d'avoir fermé les yeux sur un système de caisse noire de 1,3 milliard d'euros... Malgré l'adoption d'une convention de l'OCDE interdisant le versement de pots-de-vin en 2000, la corruption continue de rythmer la vie des affaires. « Ce phénomène reste le maillon faible de l'exercice de la responsabilité sociale des entreprises », estime Fouad Benseddick qui a coordonné une étude de Vigeo sur les efforts de prévention de la corruption de 772 grandes entreprises en Europe et sur le continent nord-américain. « On ne peut que noter le très grand décalage existant entre les engagements pris par les entreprises et les dispositifs mis effectivement en oeuvre par ces mêmes entreprises pour prévenir les actes de corruption », regrette-t-il. Thales est ainsi l'entreprise pour laquelle l'écart entre les deux est le plus important.code déontologiqueLa lutte contre la corruption est devenue un axe de communication important des groupes, au même titre que le respect de l'environnement. Ainsi, 81 % des entreprises européennes analysées disposent de code déontologique rejetant ces pratiques. Mais trop d'entreprises semblent se satisfaire de simples engagements. Ainsi, l'étude menée par Vigeo, leader européen de la notation sur la responsabilité sociale des entreprises, révèle que 41% seulement des sociétés européennes ont désigné un dirigeant garant des engagements pris par l'entreprise", et moins d'une sur trois ont mis en place une politique de sensibilisation de leurs employés à la prévention de la corruption. Or le sujet n'a rien de théorique: 13 % des entreprises européennes ont fait l'objet d'au moins une allégation de corruption au cours des dix-huit derniers mois. L'étude relève au passage que celles-ci arrivent loin derrière leurs homologues nord-américaines en matière de prévention de la corruption. Selon Vigeo, seules 35 % des entreprises européennes ont été en mesure de prouver qu'elles s'étaient dotées de dispositifs d'alerte assurant la confidentialité des échanges contre 61 % aux États-Unis. Les différences de législations peuvent expliquer ces écarts. « Aux États-Unis, l'entrée en vigueur de la loi Sarbanes-Oxley en 2002 (à la suite de l'affaire Enron) est réputée pour avoir significativement renforcé les contrôles sur les transactions financières des entreprises, ayant notamment rendu obligatoire la mise en place de dispositif d'alerte professionnelle », souligne Vigeo. ?Xavier Harel
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