« L'enjeu de Bâle 3 est le financement de l'économie »

Ariane Obolensky, directrice générale de la FBFAlors que les banques ont jusqu'au 16 avril pour faire part de leur commentaires concernant le projet dit de Bâle 3, visant à renforcer les fonds propres des banques (lire ci-après), Ariane Obolensky, directrice générale de la Fédération bancaire française, pointe les sujets d'inquiétude pour les membres de la profession. Les changements réglementaires en préparation semblent inquiéter la communauté bancaire. Pourquoi ?Les banques européennes sont en effet inquiètes. Pour notre part, nous estimons nécessaire de sensibiliser les pouvoirs publics aux risques liés aux nouvelles exigences en matière de fonds propres et de liquidité, dans le cadre de Bâle 3. Nous savons d'ailleurs que les pouvoirs publics partagent largement nos préoccupations dans la mesure où l'enjeu de cette réforme est tout simplement le financement de l'économie.Celui-ci serait-il menacé ?Les trois quarts des financements, en Europe, proviennent des banques, le marché représentant le solde. La proportion est à peu près inverse aux Etats-Unis. Si l'on accroît les exigences en fonds propres des banques de manière excessive et inadaptée, comme on pourrait le craindre, cela revient à neutraliser de l'argent qui ne servira à rien puisqu'il ne permettra pas de générer du crédit. Si les propositions du Comité de Bâle étaient adoptées en l'état, elles auraient un impact très négatif sur le financement de l'économie et la croissance en Europe, et donc sur l'emploi. D'autant plus que les politiques monétaire et budgétaire ne seront pas plus accommodantes. Les banques n'ont pas leur mot à dire dans l'élaboration de Bâle 3 ?Une consultation des banques est en cours. Nous comprenons l'urgence après la crise mais le calendrier est très court. Il y a certes la pression liée aux engagements du G20, mais le processus de consultation ne permet pas d'entendre toutes les banques européennes comme elles devraient l'être. La semaine dernière, dans un entretien à « Libération », le patron de l'AMF, Jean-Pierre Jouyet, estimait que, s'agissant de la réforme de la régulation financière aux Etats-Unis, « il y a eu beaucoup de paroles mais pas d'actes ». êtes-vous d'accord avec ce propos ?Il existe une problématique américaine. Le système Bâle 2 est appliqué en Europe depuis 2008 alors que, lors de la réunion du G20 de Pittsburgh, les Américains se sont engagés à l'appliquer en 2011. Or, les observateurs qui rentrent des états-Unis expriment de sérieux doutes à ce sujet. à la limite, les Européens pourraient être obligés d'appliquer des mécanismes très contraignants pour convaincre les régulateurs américains, alors que, in fine, on ne sait même pas si les banques américaines appliqueront Bâle 2. Cela aboutirait à une situation de distorsion de concurrence aberrante de part et d'autre de l'Atlantique et une reforme prudentielle qui ne conviendrait pas aux banques européennes. En outre, l'indispensable réforme de la supervision est actuellement bloquée au Congrès.Peut-on encore faire évoluer le projet ?Nous nous mobilisons bien sûr pour que les propositions soient modifiées ou adaptées. Bâle doit publier son projet final à la fin de l'année avec un point d'étape à l'été . D'ici là, les banques s'exprimeront de façon étayée et coordonnée. Et il est indispensable que la discussion prenne en compte la question de l'impact global de la réforme sur l'économie et les marchés dans les années futures.La question d'une régulation des CDS [« credit default swap »] fait débat aujourd'hui. Qu'en pensez-vous ?Comme elles l'ont indiqué dès la fin 2008, les banques françaises sont favorables à une réforme des marchés des produits dérivés afin de favoriser transparence et stabilité financière. Cela passe par la mise en place pour la zone euro de chambres de compensation et d'un certain nombre de règles. En tout état de cause, celles-ci doivent être définies au niveau international pour être efficaces. n En l'état, les propositions du Comité de Bâle auraient un impact très négatif sur le financement de l'économie, la croissance et l'emploi.
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