Malgré sa baisse, l'euro reste surévalué

Vendredi, l'euro était au plus bas depuis dix-huit mois face au dollar. Lundi, il est tombé à un plancher de quatre ans : la dérive de la monnaie unique s'accélère, au point que certains la décrivent déjà comme une descente aux enfers. Car en une semaine, l'euro a cédé 7 % de sa valeur face au billet vert, pour ne plus valoir hier, au plus bas dans les transactions, que 1,2235. Par rapport à son point haut de 2009, atteint fin novembre, la monnaie des Seize s'est dévalorisé de 23,5 %.C'est beaucoup et c'est rapide. Pourtant, cela n'a rien d'exceptionnel. Après la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, la reprise du dollar face à l'euro avait été bien plus spectaculaire. La monnaie unique, qui avait atteint le record historique de vigueur de 1,6038 dollar le 15 juillet de cette année-là, avait alors dégringolé de 29 % en moins de trois mois, le billet vert retrouvant son traditionnel rôle de valeur refuge en temps de crise.Il convient également de relativiser le niveau auquel a rechuté l'euro en ce début de semaine. À 1,2235 dollar, il reste encore loin de sa moyenne historique qui se situe à 1,18 (voir nos éditions du 14 mai) et qui correspond à son cours de lancement, salué alors à la quasi-unanimité comme optimal pour la compétitivité d'une zone euro qui venait d'être portée sur les fonts baptismaux.Sur le plan fondamental, l'euro reste également à bonne distance de ce que les économistes appellent sa parité de pouvoir d'achat (PPA). La PPA est le taux de conversion monétaire qui permet d'exprimer dans une unité commune les pouvoirs d'achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d'unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même panier de biens et de services. Les grandes institutions internationales situent ce cours idéal aux alentours de 1,10 dollar pour 1 euro.Enfin, l'euro reste aux antipodes de son record de faiblesse atteint à la fin de l'an 2000, à 0,8230 dollar, détonateur des seules interventions des banques centrales de son histoire. Tombé en dessous de la parité face au billet vert au début de cette dernière année du millénaire, il s'y était maintenu jusqu'à fin 2002, faisant sortir du bois les eurosceptiques avec une agressivité peu commune, pour dénoncer - déjà ! - cette monnaie unique sans gouvernement économique. La charrue avant les boeufs qui fait encore recette.les anglais à la rescoussePied de nez de l'histoire. C'est justement le plus eurosceptique des grands quotidiens économiques qui est venu à la rescousse de l'euro. Le « Financial Times » de Londres titre ainsi l'un de ses édito de son édition de lundi : « Il n'y a aucune honte à ce que l'euro baisse. » Et d'ajouter : « C'est même une bénédiction pour la zone euro, d'autant que la prétendue faiblesse de l'euro doit être mise en perspective. Souhaiter un euro fort quand la croissance est au point mort, c'est faire preuve d'une arrogance qui s'apparente à de la perversité. » Les agioteurs n'ont qu'à bien se tenir...Isabelle Croizard
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