La BPI portée sur les fonts baptismaux avec Jean-Pierre Jouyet à sa tête

L\'instant est solennel. Ce mercredi, en Conseil des ministres, Pierre Moscovici, le ministre de l\'Economie présenté le projet de loi gravant dans le marbre la naissance officielle de la Banque publique d\'investissement (BPI), bâtie sur les nombreuses structures déjà existantes: Oseo, le Fonds stratégique d\'investissement (FSI), FSI Régions, CDC Entreprises, bientôt Ubifrance. Sans surprise, le premier ministre a annoncé la nomination de Jean-Pierre Jouyet (CDC) à la présidence de la BPI. Cette structure étant encore en phase de développement, une mission a até confiée à Nicolas Dufourcq, le directeur général adjoint de Cap Gemini pour élaborer la \"doctrine\" de cette organisation, selon le terme choisi par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif.Comme l\'a précisé Pierre Moscovici, la probabilité pour que Nicolas Dufourcq prenne la direction générale de la BPI à la fin de sa mission est \"forte\". Celle-ci doit se terminer en janvier, quelques semaines après le vote du projet de loi portant création de la BPI prévu d\'ici la fin de l\'année. On en saura alors plus sur l\'organisation concrète de la BPI, ses objectifs précis, sachant que ses moyens sont d\'ores et déjà connus. Ils s\'élèvent à 42 de milliards d\'euros.Une idée de Ségolène Royal, reprise par Hollande et SarkozyLa promesse formulée par François Hollande lors de la campagne présidentielle est donc sur le point d\'être tenue. Rappel des faits. En janvier, le candidat du parti socialiste reprend à son compte une idée du Parti, idée elle-même imaginée par Ségolène Royal. En effet, en octobre 2011, la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes avait annoncé la création d\'une banque régionale d\'investissement pour les PME. Elle proposait ensuite d\'étendre son action à l\'ensemble du territoire. Dans la foulée, saisissant la balle au bond, Nicolas Sarkozy - qui n\'était pas encore candidat à sa succession à l\'Elysée - lança Oseo Industrie dont les objectifs ressemblent peu ou prou à ceux dévolus à la prochaine BPI, c\'est-à-dire favoriser le développement des PME en ETI de plus de 250 salariés pour concurrencer le Mittlestand allemand. Cette filiale à 100% d\'Oseo a reçu en mars son agrément banque de la part des autorités de marchés.Il y a urgencePrévu initialement en janvier 2013, le lancement de la BPI a donc été accéléré. La raison est simple, les entreprises souffrent, en particulier les PME, tous secteurs confondus. La seule personnalité d\'Arnaud Montebourg n\'explique pas à elle seule son omniprésence dans les médias. Si le ministre du Redressement productif fait de l\'ombre aux six autres ministres logés à Bercy, c\'est parce qu\'il est surchargé de dossiers industriels compliqués: PSA Aulnay, Petroplus, Arcelor-Mittal, Rio Tinto, Albany Cofpa... La liste s\'allonge malheureusement chaque semaine.La genèse de ce nouvel établissement fut plutôt chaotique. Au sein même de Bercy, les murs ont tremblé à plusieurs reprises. L\'affaire? Le choix par Pierre Moscovici de la banque Lazard pour conseiller le gouvernement dans ce dossier, banque dont le directeur général délégué est Matthieu Pigasse, actionnaire du Monde, du Huffington Post et des Inrockuptibles, hebdomadaire dont la directrice de la rédaction est la journaliste Audrey Pulvar, la compagne du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Pour éviter les soupçons de conflit d\'intérêts, celui-ci est allé jusqu\'à demander «de faire cesser à l\'avenir toute collaboration de l\'État avec la banque Lazard». Ambiance...Bras de fer avec les RégionsLe gouvernement a eu également maille à partir avec les Régions qui voulaient prendre le contrôle de la BPI pour pouvoir, selon elles, mieux irriguer les territoires que ne le ferait une structure basée à Paris. Après plusieurs passes d\'armes, les Jacobins parisiens ont gagné. La présidence du conseil d\'administration a échappé aux Régions qui n\'ont que deux représentants sur cinq administrateurs. Lot de consolation, elles présideront le conseil d\'orientation de la BPI. Autre geste en direction des territoires, le premier conseil d\'administration prévu en janvier devrait se tenir dans une métropole régionale.Désaccord Ayrault-Montebourg sur le cas LauvergeonUn autre point a été également âprement discuté. En effet, jusqu\'à la dernière minute, ou presque, l\'exécutif a hésité sur le nom du \"second\" de Jean-Pierre Jouyet. Les prétendants à la direction générale de la BPI étaient nombreux. Parmi eux, Anne Lauvergeon que Jean-Marc Ayrault a rencontré à Matignon mardi. Malgré le soutien d\'Arnaud Montebourg, la personnalité de l\'ancienne présidente d\'Areva n\'a pas séduit le Premier ministre. Selon une source proche du dossier, le chef du gouvernement doutait des capacités de \"rassembleuse\" d\'Anne Lauvergeon au sein de la galaxie BPI.             
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