Hochtief mobilise Berlin face aux visées d'ACS

La classe politique allemande vient au secours du géant du BTP Hochtief, menacé par l'OPA hostile de son concurrent espagnol ACS. Vendredi, la chancellerie a fait savoir que le gouvernement fédéral regardait Hochtief comme « une entreprise importante de l'industrie allemande de la construction qui est le porte-drapeau de la compétence technologique » du pays. À ce titre, Angela Merkel suit « de très près » le dossier afin que « subsiste la structure industrielle du groupe et que son siège demeure à Essen ». Autrement dit, Berlin prévient qu'il n'acceptera pas le démantèlement de Hochtief et répond ainsi au chef de l'opposition sociale-démocrate, Sigmar Gabriel, qui, jeudi, au siège du groupe de BTP, avait mis en garde contre le risque de voir une « entreprise allemande à succès ne soit démantelée pour aider une entreprise espagnole en difficulté à se redresser ». Craintes de pillageACS a annoncé le 16 septembre sa volonté de prendre la majorité de Hochtief, dont il détient actuellement 29,9 % du capital. Une prise de contrôle qui lui coûterait moins de 800 millions d'euros. Beaucoup craignent qu'ACS ne cherche ainsi à « piller » le prospère groupe allemand pour rembourser ses propres dettes, qui s'élèvent à 10,4 milliards, Sigmar Gabriel a donc exigé une intervention du gouvernement fédéral. Un soutien qui ne serait pas financier car personne n'a oublié, outre-Rhin, la malheureuse expérience de l'aide apportée en 2002 par l'ancien mentor de Sigmar Gabriel, Gerhard Schröder, à un autre groupe de BTP, Philipp Holzmann, qui avait finalement fait faillite. Mais cette fois, la situation est différente : Hochtief n'a pas besoin d'argent et n'est pas menacé par la faillite, mais par un prédateur. Sigmar Gabriel propose donc que le gouvernement organise une riposte avec la création d'un consortium formé par des entreprises privées allemandes qui achèterait 25,1 % du groupe, soit une minorité de blocage. De quoi, selon lui, dissuader ACS de lancer son offensive. Bref, Berlin relancerait la vieille tradition de la Deutschland AG, pour sauvegarder une « perle du paysage économique allemand ». « L'Allemagne manque d'un bon patriotisme d'entreprise », a d'ailleurs déploré le leader social-démocrate. Reste que, si le discours de Sigmar Gabriel a fait réagir la chancellerie, le gouvernement fédéral demeure divisé. Le ministre fédéral de l'économie, le libéral Rainer Brüderle, ne prise guère l'interventionnisme. Il l'avait prouvé en laissant Opel à son sort et il a rejeté jeudi toute intervention de l'État dans ce dossier. Mais dans un climat politique difficile pour elle, Angela Merkel ne peut guère laisser à l'abandon les 11.000 salariés de Hochtief.
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